Lawrence Stroll, le multimillionnaire propriétaire du circuit Mont-Tremblant, peut continuer d'utiliser son hélicoptère à sa guise pour aller et venir de sa résidence au circuit, au grand dam d'un groupe de citoyens.

Ceux-ci, qui comptent sur les tribunaux pour obtenir de voir baisser le niveau de bruit ambiant, ont demandé une injonction, mais perdu cette première manche en Cour supérieure à Montréal.

Les 25 citoyens désireux de forcer Lawrence Stroll à limiter à un par jour le nombre de déplacements faits au-dessus de leurs têtes n'ont pas réussi à convaincre le juge Jean-Yves Lalonde, qu'il y avait urgence d'intervenir.

Les citoyens en question sont également excédés par le bruit émanant du circuit de course automobile qui, estiment-ils, viole la Loi sur l'environnement. Ils se plaignent du bruit des moteurs des bolides qui roulent sur la piste. Ils proposaient que ceux-ci soient munis de silencieux activés tout au long de l'année, à l'exception de périodes annuelles au cours desquelles des compétitions sont tenues. Il s'agit de la Classique du printemps (trois jours en juin), du Sommet des légendes (trois autres jours en juin), du Festival Ferrari (trois jours en juillet) et de la Classique d'automne (trois jours en septembre).

Ils réclamaient en outre que les travaux de modification de la piste, exécutés en 2000-2001, qu'ils jugent non conforme au Règlement d'urbanisme de la Ville de Mont-Tremblant, soit démolis et que cessent les activités qui s'y tiennent jusqu'à ce que le tout ait été corrigé.

Là encore, ils ont failli à démontrer leur bon droit de sorte qu'ils ont été déboutés le 10 juillet dernier.

Le magistrat Lalonde a estimé que le dossier des gens de Mont-Tremblant était incomplet dans le sens où le moment où l'audition en bonne et due forme aura lieu «n'a toujours pas été arrêtée».

Au sujet de l'usage fait par M. Stroll de l'hélicoptère au nom de Gordco inc., le juge indique qu'il existe des normes fédérales contraignantes et rigoureuses qui devraient être suffisantes d'ici la tenue du procès.

Sur la question du bruit, régi par un règlement de la ville de Mont-Tremblant que les citoyens considèrent illégal et insuffisant, le juge avance qu'«ils devront vivre ces conditions réglementaires, présumées valides. Il n'incombe pas aux tribunaux de droit commun de substituer leur vue à celle des élus municipaux», tranche-t-il.

Parmi les 25 citoyens en colère se trouve l'entrepreneur général Jim Iredale qui vit à Mont-Tremblant depuis 1989. Il fait remonter le début de ses problèmes et de plusieurs autres résidants au moment où Lawrence Stroll a fait rénover la piste du circuit pour la rendre conforme aux standards de la Fédération internationale de l'Automobile. La municipalité de Mont-Tremblant aurait alors établi un règlement sur le bruit et autorisé la tenue de cinq événements annuels, à raison de quatre jours chacun. En dehors de ces périodes l'utilisation des silencieux étaient obligatoires.

Deux ans et demi plus tard, Lawrence Stroll a obtenu d'y faire tenir la compétition de Champ Car, en 2007. La municipalité aurait alors assoupli son règlement qui fait en sorte que les événements s'étendent sur 18 jours auxquels s'ajoutent des jours d'essai, pour un total de 59 jours «sans contrainte par rapport au bruit», signale M. Iredale.

«Ma maison est située à trois quarts de kilomètre de la piste. Si on est à l'extérieur, on ne s'entend parler. A l'intérieur, on entend le bruit des moteurs et on doit fermer les fenêtres. On s'arrange pour ne pas être là le jour», a dénoncé M. Iredale.

«Ils ont le droit de rouler entre 9h et 17h. Lors d'un événement spécial, s'il y a des interruptions en raison d'intempéries, ils peuvent continuer plus tard.

Ça commence vers le 27 avril jusqu'au 15 octobre», a-t-il ajouté.

Originaire de Westmount, Lawrence Stroll réside à Londres, mais passe plusieurs semaines par année au Québec pour s'adonner à sa passion: la course automobile. Il est un grand collectionneur de Ferrari. En 2005, la Revue Commerce situait sa fortune à un milliard $ au moins attribuable notamment à la vente de

Pepe Jeans et des droits canadiens de Hilfiger, en 1998.

M. Iredale a dit l'avoir aperçu à une occasion, mais n'avoir su que par la suite que le circuit Mont-Tremblant lui appartenait.