Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, impossible de parler de Québec sans aborder le sujet de la route du "Parc", un dossier pratiquement aussi âgé que la région elle-même, et qui n'a jamais, à ce jour, cessé de faire couler de l'encre, beaucoup d'encre! Même au sein de la population de Charlevoix !

En fait, les habitants du "Royaume" réclament et exigent des améliorations au lien routier qui relie Québec et l'arrondissement de Chicoutimi depuis 145 ans !

En septembre dernier, l'historien Éric Tremblay confiait au Progrès-Dimanche que les premières demandes afin qu'une route directe soit construite entre la capitale régionale et le Saguenay ont été logées en 1863.

À l'époque, seuls quelques braves coureurs des bois accomplissent le trajet Chicoutimi-Québec à travers les montagnes et les forêts des Laurentides.

La marchandise et les voyageurs circulent plutôt par la mer, ou par la terre vers Charlevoix, puis vers Québec.

Et justement, la question de liens routiers permanents entre cette région et le Bas-Saguenay figure aussi au coeur des discussions depuis 1830 !

La revue historique Saguenayensia de septembre-octobre 1970 raconte en effet en détails comment deux groupes de promoteurs de Baie-Saint-Paul et de La Malbaie se sont opposés afin que le gouvernement provincial choisisse leur tracé respectif pour la route qui doit relier officiellement Charlevoix et le Bas-Saguenay. L'affaire déchire les deux communautés, qui espèrent profiter des retombées économiques du projet. Québec tranchera finalement en 1853 faveur de la route qui passe de nos jours par la localité de Saint-Urbain.

C'est donc dans ce contexte qu'un curé de Beauport saute dans la mêlée en 1868 afin que Québec et le Saguenay-Lac-Saint-Jean soit reliés par une route directe digne de ce nom.

Il parvient à obtenir une somme de 5000 $, colossale à l'époque, afin d'amorcer le projet. Au tournant de la décennie 1870, un chemin de terre sinueux et très étroit relie enfin la région à la Capitale. Ce chemin de 227 kilomètres de longueur part de Saint-Jérôme, aujourd'hui Métabetchouan-Lac-à-la-Croix, et constitue l'ancêtre de la route 169.

À l'époque, le Lac-Saint-Jean connaît en effet un important développement économique et accueille de nombreux nouveaux colons.

Route 54

Les origines de l'actuelle route 175 remontent à 1873, grâce aux efforts de monseigneur Dominique Racine. Ce dernier parvient à convaincre Québec de compléter la portion de route qui conduit de Québec à Chicoutimi. En 1882, les municipalités de Québec et Chicoutimi sont donc pour la première fois reliées par une route directe. Sauf que ce chemin de terre, connu sous le nom de route 54 est toujours aussi étroit, sinueux et aléatoirement entretenu.

Le début du 20e siècle est favorable à l'essor de la 175. Les activités des chasse et de pêche se multiplient dans la forêt qui sépare Québec et Chicoutimi. Celle-ci devient un espace protégé en 1895. Dans les années 1910-1920, la route est davantage utilisée. Les fameuses barrières font leur apparition à chaque extrémité afin d'enregistrer chaque véhicule qui emprunte l'artère.

En 1927, la Chambre de commerce de Roberval organise une expédition d'envergure : 30 hommes répartis dans sept voitures se rendent à Québec, une "petite ballade" de 25 heures !

Quelques dates marquantes dans l'histoire de la route 175 :

- 1830 : Dans Charlevoix, deux groupes de promoteurs militent déjà pour qu'un lien routier relie leur région au Bas-Saguenay.

- 1853 : Le gouvernement du Québec réalise le projet de route entre Saint-Urbain et le Bas-Saguenay.

- 1863 : Premières demandes pour une route entre Québec et Chicoutimi.

- 1870 : Un chemin de terre sinueux relie Québec et Saint-Jérôme (Métabetchouan-Lac-à-la-Croix). La trajet est long et pénible.

- 1873 : Mgr Dominique Racine exige que les villes de Chicoutimi et Québec soit reliées par un chemin digne de ce nom.

- 1882 : Pour la première fois, une route de terre lie Chicoutimi et Québec. Elle porte le nom de route 54.

- 1895 : Le parc des Laurentides, aire protégée, est créé.

- 1910-1920 : Les activités de chasse et de pêche se multiplient, la route est de plus en plus employée.

- 1927 : La Chambre de commerce de Roberval organise une expédition; 30 hommes dans sept autos se rendent à Québec.

L'expérience prend 25 heures.

- 1940 : Dans les années 40, le député unioniste de Chicoutimi, Antonio Talbot, devient le ministre de la Voirie.

- 1945 : Début des travaux de ce qui va devenir la route 175 moderne.

- 1948 : La route est asphaltée. Les travaux ont coûté entre 20 et 30 millions de dollars.

- 1951 : La route est inaugurée en présence de nombreux dignitaires, dont le premier ministre Maurice Duplessis.

- 1975 : La route 54 devient la route 175.

- 1999 : En juin, les premiers ministres Lucien Bouchard et Jean Chrétien confirment que la route 175 sera élargie et modernisée.

- 2004 : En mai, les premiers ministres Jean Charest et Paul Martin confirment à leur tour la tenue de ces travaux de plusieurs centaines de millions de dollars.

- 2005 : En novembre, le coup d'envoi des travaux est donné. L'échéancier de livraison prévu est de 2009-2010.

- 2007 : Les premiers tronçons de voie double sont prêts à être utilisés.