Une femme qui a battu et agressé sexuellement deux fillettes il y a une vingtaine d'années devrait écoper d'une peine de prison ferme, car un sursis ne changerait rien à ses habitudes.

C'est ce qu'a fait valoir la procureure de la Couronne Nathalie Fafard, hier, au palais de justice de Montréal, en signalant que la femme de 65 ans ne sort pratiquement jamais de chez elle. Lui imposer une peine avec sursis (à purger dans son domicile), alors qu'elle vit en recluse, «c'est la renvoyer à son quotidien». Me Fafard demande en outre que la peine de prison soit suivie d'une probation et d'une obligation de suivre une thérapie.

L'avocat de la femme, Me Bruno Ménard, convient qu'une peine de prison s'impose, mais il estime que le sursis serait de mise. Le risque de récidive est très faible et elle n'a pas d'antécédent judiciaire. Le juge Jean-Pierre Boyer rendra sa décision le 23 septembre prochain.

La femme, qu'on ne peut identifier pour protéger l'anonymat des victimes, a été déclarée coupable de grossière indécence et de voies de fait, au terme de son procès, en février dernier. Les événements se sont produits dans les années 70 et 80. Les victimes sont la propre fille de l'accusé, de même qu'une fillette qui avait été placée chez elle par la DPJ. Elle avait apparemment instauré un régime de terreur dans la maison, dans le cadre duquel elle frappait les deux victimes, parfois à coups de poing, et les agressait sexuellement.

Par exemple, quand elles utilisaient la salle de bains, les fillettes devaient laisser la porte ouverte. La femme entrait quand elle voulait et leur faisait des attouchements. Elle incitait sa fille à se masturber avec le pommeau de douche, et examinait avec insistance les parties génitales de l'autre petite. Au procès, la femme s'était défendue en niant certains faits et en invoquant une défense de «correction» et «d'éducation».