Le nombre de jeunes délinquants incarcérés a radicalement chuté au Canada depuis cinq ans, révèle les plus récentes données de Statistique Canada. Réjouie par ce portrait, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) estime cependant que trop d'adolescents passent entre les mailles du filet judiciaire.

Au Québec, le nombre de jeunes de 12 à 17 ans détenus avant leur procès a chuté de moitié depuis 2003, année de l'adoption de la Loi fédérale sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA).

Les jeunes Québécois admis en détention après leur condamnation sont aussi moins nombreux, avec une baisse d'environ 30%. Ces chiffres sont semblables dans l'ensemble du Canada.

Peu surprenant

«Les données ne sont pas étonnantes, dit Alain Côté, du Centre jeunesse de Québec. La loi précise dorénavant que, pour qu'un jeune mérite une peine de mise sous garde, il doit avoir commis un crime violent ou plusieurs récidives.»

Depuis l'adoption de la nouvelle loi, les critères qui déterminent la détention d'un jeune ont été modifiés. Dorénavant, la gravité du délit est le principal facteur pris en considération. Ainsi, la proportion des jeunes incarcérés pour avoir commis des infractions contre les biens a diminué du tiers au quart.

«La nouvelle loi tient plus en compte le délit que les besoins du jeune. Ils n'ont donc pas le bon service au bon moment», déplore Alain Boisvert, de la Direction des services aux jeunes contrevenants de Montréal.

Mais pour René Binet, avocat spécialisé en droit de la jeunesse, la DPJ se trompe lorsqu'elle affirme qu'il faudrait modifier les critères de la loi pour permettre la détention d'un plus grand nombre de jeunes contrevenants. «Il faut arrêter de détenir des «ti-pits» pas dangereux», illustre-t-il.

«Au Québec, nous avons suffisamment de mesures extrajudiciaires comme les travaux communautaires et les programmes spéciaux pour ne pas recourir à la détention», ajoute Me Binet, qui se dit heureux des plus récentes données sur la baisse du nombre de jeunes détenus.

Portrait du Québec

Détention avant procès

2001-2002 : 3832

2005-2006 : 1975

Détention après condamnation

2001-2002 : 1944

2005-2006 : 1307

Probation

2001-2002 : 8556

2005-2006 : 3631