La Ligue des Noirs exige une enquête «publique et indépendante» pour faire toute la lumière sur les circonstances de la mort de Fredy Villanueva.

«Lorsque les policiers font une enquête, ils dissimulent toujours la vérité afin de blanchir leurs collègues», affirme le président de la Ligue des Noirs, Dan Philip.

L'organisation condamne les actes de vandalisme qui ont été perpétrés à Montréal-Nord dans la nuit de dimanche à hier. Cependant, elle prône un durcissement de la loi sur la police «afin que les citoyens puissent obtenir justice par des sanctions dissuasives».

M. Philip estime que les policiers qui commettent des bavures n'obtiennent jamais le châtiment qu'ils méritent. «On leur donne toujours une petite tape sur la main, déplore-t-il. Le gouvernement doit agir afin de rétablir la confiance dans le système judiciaire.»

Un problème de jeunesse

Michael Gittens, directeur de l'Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges, refuse, quant à lui, de stigmatiser les forces de l'ordre et de faire des généralisations: «La plupart des officiers de police sont corrects. Il y a juste une minorité qui se prend pour Rambo et qui donne une mauvaise réputation à la police.»

Selon lui, la révolte de dimanche n'est pas liée à la couleur de peau. «Il y a eu des émeutes pendant les séries de hockey, souligne-t-il. Il y a un problème avec la jeunesse.»

Vladimir Delva, intervenant au Centre d'union multiculturelle et artistique des jeunes, dans le quartier Ahuntsic, partage cet avis: «Il faut qu'il y ait un meilleur encadrement de la jeunesse, dit-il. Il faut créer des centres pour permettre aux jeunes d'exploiter leur potentiel. Ces jeunes ne veulent pas être des bandits, mais aucune solution positive ne leur est offerte.»

Sur le site de la Ligue des Noirs, un sondage porte sur l'accessibilité de l'emploi pour les personnes de couleur au Québec. Pas moins de 95% des 6240 répondants estiment que trouver du travail au Québec est impossible.

«C'est un pays raciste: il n'y a pas d'emploi, il y a beaucoup d'hypocrisie», s'indigne un commerçant haïtien de l'avenue Langelier, l'une des artères au coeur de l'émeute de dimanche à Montréal-Nord. «Quand les policiers voient quatre Noirs qui discutent, ils en déduisent que c'est un attroupement illégal. Pourquoi on nous traite comme ça alors qu'on paie des taxes comme tout le monde?»