L'émeute de Montréal-Nord a fait des vagues jusqu'à Rivière-des-Prairies. Mardi soir, 12 jeunes ont été arrêtés près du boulevard Maurice-Duplessis lors d'une manifestation qui semble avoir été organisée par des élèves de l'école secondaire Jean-Grou pour protester contre la mort de Fredy Villanueva.

Une centaine d'adolescents se sont rassemblés dans la cour de l'école à partir de 19h après un appel à tous qui a circulé sur le site de clavardage MSN intitulé «Si la justice n'est pas faite on fera la justice avec nos mains».

«Tout le monde s'est passé le mot, explique Sheyla, une adolescente d'origine latino-américaine de 15 ans qui connaissait bien Fredy Villanueva. Les jeunes ont fait ça pour venger cette injustice.»

Vers 21h, des agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont dispersé la foule. Plusieurs jeunes se sont alors déplacés à l'angle de la 15e Avenue et du boulevard Maurice-Duplessis. L'escouade antiémeute et l'hélicoptère de la Sûreté du Québec ont été dépêchés en renfort.

«Les policiers ont crié: «Allez-vous-en, vous n'avez rien à voir ici», explique Hugo, 16 ans, présent à la manifestation. Ils ont ensuite sorti leurs matraques pour faire peur à tout le monde.»

Peu après 21h, les policiers du SPVM ont fait la découverte d'une douzaine de bouteilles de deux litres de boisson gazeuse remplies d'essence derrière le McDonald's du boulevard Maurice-Duplessis.

«Elles n'étaient pas là par hasard», explique Yannick Ouimet, porte-parole du SPVM.

À son avis, il n'y a pas de lien direct à établir avec l'émeute survenue à Montréal-Nord, l'arrondissement voisin. «On pense que ce sont des jeunes qui profitent de la situation pour justifier leurs actes de rébellion.»

Parmi les 12 jeunes arrêtés, 9 sont mineurs. Ils ont été libérés et pourraient être appelés à comparaître. Deux autres sont détenus pour possession d'arme. Pour l'instant, le SPVM ne croit pas qu'ils soient reliés aux gangs de rue.

Citoyens inquiets

Les résidants de Rivière-des-Prairies ont été secoués par tout ce branle-bas. «Hier, j'étais prête à vendre ma maison tellement j'avais peur», lance Laura Amato, une jeune mère qui vit en face du stationnement du supermarché Loblaws, où des jeunes ont été arrêtés mardi.

«Ça fait 12 ans que je vis dans le secteur et je n'ai jamais vu autant de voitures de police, ajoute Pietro Porco. Mis à part quelques incidents, ce n'est pas un quartier où ça chauffe. Mais à partir de maintenant, je garde l'oeil ouvert.»

Interrogés sur les événements des derniers jours, Hugo, Sheyla et Aking, trois adolescents de Rivière-des-Prairies, croient que l'émeute de dimanche n'est que la pointe de l'iceberg.

«Les policiers agissent différemment avec nous qu'avec les Blancs, affirme Hugo. Les jeunes commencent à avoir peur d'eux, alors ils s'unissent. À mon avis, ce n'est que le commencement.»