Pour 83% des jeunes âgés de 18 à 30 ans, la protection de l'environnement passe avant le développement économique. Les jeunes Québécois sont-ils des écologistes finis? Pas si sûr, répond Ariane Paré-Legal, jeune chroniqueuse à l'émission La vie en vert, diffusée à Télé-Québec.

La Presse: Les 18-30 sont-ils environnementalistes?

Ariane Paré-Legal: Je pense que c'est plus à la mode de se positionner en faveur de l'environnement qu'en faveur du développement économique. On cherche toujours une reconnaissance sociale et être écolo c'est une nouvelle façon de se reconnaître entre nous. À preuve, il y a énormément de branding écologique. Le vêtement éthique n'est plus seulement un t-shirt en coton biologique ordinaire. Tu le reconnais, le vêtement, il va se coller aux grandes marques, avoir des signes distinctifs. Ces temps-ci, il est également de très bon ton de dire qu'on a acheté le composteur Blue Planet ou d'affirmer qu'on utilise des sacs biodégradables alors que je n'ai pas l'impression que nos grands-parents se seraient vantés de faire du compostage. Bref, je crois que les jeunes sont nombreux à se dire verts, tout en laissant une empreinte écologique considérable.

 

LP: Avez-vous tout de même l'impression que les 18-30 ans sont davantage sensibilisés à la cause environnementale que, disons, les baby-boomers?

A. P.-L.: Nous avons grandi en parlant des pluies acides et de la planète à l'école, mais on ne trouvait pas toujours une oreille attentive lorsque l'on arrivait avec ça à la maison. Je crois que nous allons davantage avoir un impact sur nos enfants que sur nos parents. Cela dit, je crois que les jeunes qui sont conscientisés - parce qu'ils ne le sont pas tous - ont poussé les baby-boomers à faire des changements.

LP: Vous prônez la consommation responsable, achetez des produits du terroir québécois et circulez à vélo. Représentez-vous les gens de votre âge?

A. P.-L.: Je ne suis pas la seule dans mon entourage, mais je suis consciente que mon entourage n'est pas la norme. J'ai des amis qui sont écolos jusque dans leurs moindres gestes, mais qui n'ont pas le choix de circuler en voiture. J'en ai d'autres qui ont de la difficulté à faire la différence entre «biologique» et «biodégradable», mais qui sans être conscientisés, ne surconsomment pas et ne voyagent pas en avion. On ne peut pas tous mener la même bataille. Une mère seule de trois enfants ne peut pas acheter bio. Maintenant, est-ce qu'on fait le maximum de choix écologiques dans nos situations respectives? Je pense qu'elle est là, la question.