Dans l'entente qui lie le Bloc québécois à la coalition entre le Parti libéral et le NPD pour renverser Stephen Harper, les troupes de Gilles Duceppe réclament un réinvestissement massif en éducation postsecondaire, principal point qu'il fallait encore régler au chapitre du déséquilibre fiscal.

Dès le premier budget d'un éventuel gouvernement de coalition, le Bloc s'attend à ce que le Québec reçoive entre 400 et 500 millions de dollars sur les 820 millions toujours réclamés à Ottawa en transferts pour l'éducation. Le reste surviendrait dans le budget de l'an 2 du gouvernement de coalition, le Bloc ayant assuré les libéraux et les néo-démocrates de son appui pendant 18 mois.

«On pense qu'étant donné la situation économique, on doit y aller par étapes», a souligné hier le leader parlementaire du Bloc, et principal négociateur dans l'entente, Pierre Paquette, qui ajoute que ces transferts en éducation seront partie intégrante des demandes du Bloc dans le cadre de la préparation du budget.

Selon les termes de l'entente entre les trois partis, un «mécanisme de consultation» permettrait aux troupes bloquistes d'avoir leur mot à dire dans la préparation du budget, même s'ils ne font pas partie du gouvernement.

Si cette demande de réinvestissement majeur en éducation postsecondaire ne se retrouve pas dans le plan économique présenté par la coalition lundi, les deux partis qui formeraient le gouvernement ont été informés des demandes budgétaires à venir, a assuré M. Paquette, en entrevue à La Presse.

«Du côté des libéraux et du NPD, on a eu un écho favorable. Parce qu'on sait que l'éducation postsecondaire, c'est un investissement dans le capital humain et dans l'innovation», a dit le député bloquiste de Joliette.

Quant à l'élimination du pouvoir fédéral de dépenser, autre requête traditionnelle du Bloc québécois à Ottawa, s'ils mettent temporairement la demande formelle sur la glace, les troupes de Gilles Duceppe entendent y arriver partiellement par la porte arrière.

«On va s'assurer que toutes les initiatives prises par ce gouvernement-là vont respecter les champs de compétences du Québec ou donner une possibilité de droit de retrait avec pleine compensation», a expliqué Pierre Paquette.

«Ça commence à ressembler à un embryon d'élimination du pouvoir fédéral de dépenser», a-t-il ajouté.

Le chef du Bloc, Gilles Duceppe, estime que «des gains importants» ont été faits pour le Québec dans l'entente qui lie sa formation politique aux partis fédéralistes qui formeraient une coalition advenant la chute du gouvernement conservateur. C'est le cas notamment du rétablissement des subventions en culture et pour les organismes à but non lucratif, tout comme l'élimination du délai de carence en assurance emploi, l'application du protocole de Kyoto, et la mise en place de plans pour les travailleurs âgés et les secteurs forestier et manufacturier, gravement touchés par la crise.

«Il y aura évidemment d'autres choses à aller chercher mais ça, ça se fera à travers le mécanisme de consultation qu'on a mis en place», a estimé M. Paquette hier. La priorité doit aller maintenant à l'économie, selon lui.

«Mais c'est sûr qu'on ne veut pas avoir de solutions à la crise économique qui empiètent sur les pouvoirs ou les intérêts du Québec», a conclu le député bloquiste.