Advenant un conflit de travail au Journal de Montréal, le quotidien perdrait les collaborations de Jacques Demers et de Martin Brodeur, a appris La Presse. De son côté, l'avocat Julius Grey signera sa dernière chronique lundi.

Le Soleil a annoncé hier que Marie-France Bazzo laissait également tomber sa chronique dans Le Journal de Montréal. Quebecor a invoqué «un horaire chargé» pour justifier son départ.  

Force est de constater que l'animatrice n'est pas la seule chroniqueuse pigiste à quitter le bateau.

Julius Grey a confirmé hier qu'il a également choisi de mettre un terme à la chronique qu'il signe chaque semaine depuis l'été 2007. «Ce sera ma dernière lundi prochain, a dit Me Grey. Les raisons de mon départ ne sont pas particulièrement politiques. C'est également pour des raisons personnelles, une question d'horaire.»

 

Votre décision n'a rien à voir avec l'imminent conflit de travail ? «Tirez les conclusions que vous voulez», a répondu Me Grey, admettant qu'il y a «d'autres éléments derrière tout ça.»

 

Jacques Demers, dont les propos sont rapportés depuis 10 ans dans Le Journal de Montréal, est plus direct. «Je n'écrirai pas s'il y a un conflit de travail. Et moi, je ne te mentirai pas en te disant que je suis trop occupé, même si c'est la façon la plus facile de le dire.»

 

L'ex-entraîneur de hockey a fait part de sa décision à la direction en septembre lors d'une rencontre. Un choix qu'il fait en solidarité avec ses amis, dit-il. «Il y a des journalistes qui sont mes amis depuis 30 ans. Je joue au golf avec eux. C'est simplement impossible pour moi de continuer à écrire. C'est malheureux, mais on va tourner la page.»

 

Martin Brodeur, dont les propos sont rapportés depuis cinq ans dans le quotidien, a pris la même décision. «S'il y a un conflit de travail, il mettra un terme à sa chronique», a déclaré son agent de marketing, Guy Martin. Le gardien de but des Devils du New Jersey souhaite ainsi exprimer sa solidarité envers le journaliste syndiqué qui recueille ses propos, précise M. Martin.

 

Du harcèlement selon Quebecor

La vice-présidente Affaires publiques de Quebecor Média, Isabelle Dessureault, a affirmé hier que le syndicat «harcelait» les chroniqueurs. «Il y a un climat de harcèlement, a-t-elle dit. Le syndicat met beaucoup de pression sur les chroniqueurs, et nous sommes déçus et inquiets de voir ça.»

 

Le président du syndicat, Raynald Leblanc, a catégoriquement nié ces allégations. «Nous n'avons pas communiqué avec les chroniqueurs, a-t-il dit. S'il y en a qui choisissent de nous appuyer, c'est à titre personnel et selon leurs principes.»

 

M. Leblanc s'est dit «content» de la décision de Jacques Demers et de Martin Brodeur. «On espère que tous les autres vont arrêter de chroniquer, y compris Richard Martineau.»

 

D'autres suivront-ils l'exemple ? Richard Martineau, Bernard Landry, Nathalie Elgrably, Hubert Reeves et Stéphane Gendron n'ont pas rappelé La Presse, hier.

 

L'ex-ministre Joseph Facal a répondu qu'il n'avait «aucun commentaire pour l'instant», tandis que Jean-Marc Léger a dit qu'il «n'avait pas réfléchi à la question». À l'agence de Christopher Hall, on a répondu que l'humoriste devrait avoir une rencontre «imminente» avec la direction pour discuter de la question.

Rappelons que l'ex-ministre Lise Payette avait abandonné sa chronique lors du lock-out impliquant Le Journal de Québec, l'année dernière.