Les diplomates canadiens Robert Fowler et Louis Guay se sentent «raisonnablement bien, ils sont contents que leur périple soit terminé et de ne plus se trouver en danger», a dit un porte-parole du premier ministre Stephen Harper, hier après-midi.

Enlevés il y a quatre mois lors d'une mission au Niger, les deux hommes sont arrivés hier à Bamako, capitale du Mali. C'est là que le premier ministre Harper les a joints par téléphone, en après-midi.

 

Dans une déclaration écrite, M. Harper s'est dit soulagé que les deux ex-otages soient maintenant en sécurité et leur a demandé de transmettre ses remerciements aux présidents du Mali et du Burkina Faso pour le rôle qu'ils ont joué dans leur libération. Pas un mot de remerciement, toutefois, à l'endroit du gouvernement du Niger où les deux hommes avaient été kidnappés deux semaines avant Noël.

Lors de leur conversation téléphonique avec Stephen Harper, les deux diplomates se sont dits «soulagés d'être enfin sains et saufs», a précisé le porte-parole du premier ministre Dimitri Soudas. Les otages libérés de-vaient pouvoir rencontrer leurs familles très prochainement, dans un endroit qui n'a pas été identifié.

Questions et réjouissances

Mercredi, Stephen Harper a assuré que le Canada n'avait versé aucune rançon, mais a laissé ouverte la possibilité que le Mali ou le Burkina Faso aient monnayé la libération des otages.

Hier, un porte-parole du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a fermé cette porte. Aucune rançon n'a été versée, ni par les Nations unies, ni par quelque gouvernement que ce soit, a dit le porte-parole Farhan Haq.

En échange de quoi, alors, les ravisseurs ont-ils laissé aller leurs otages? La question a rebondi sur la colline parlementaire à Ottawa, hier. «Nous aurons amplement le temps d'en parler», s'est contenté de dire le chef du NPD, Jack Layton, lors d'un point de presse. Pour l'instant, il préférait se réjouir de voir les deux hommes sains et saufs.

Exception faite d'un cri de joie lancé par la femme de Robert Fowler, Mary, à la CBC, les proches parents des otages libérés ont refusé de parler aux médias. Mais des collègues et amis ont confié à quel point ils s'étaient inquiétés pendant ces quatre mois, et combien ils étaient maintenant soulagés.

«On a vraiment eu peur, on se demandait si Robert Fowler était vivant, s'il était torturé, et si on allait le revoir», confie Robert Asselin, directeur de l'École supérieure d'études publiques et internationales de l'université d'Ottawa, où le diplomate travaille comme «professionnel à résidence».

«Robert Fowler a des opinions fortes et il n'a pas peur de les exprimer», note un proche ami du diplomate, Larry Murray, qui est resté en contact avec sa famille pendant ces quatre longs mois.

«Ça a été une période extrêmement pénible», dit-il. Les enfants du diplomate vivent à Toronto, Londres et New York, et Mary Fowler a passé du temps auprès d'eux pendant ces mois difficiles.

Âgé de 64 ans, Robert Fowler a représenté le Canada aux Nations unies et conseillé plusieurs premiers ministres canadiens. Passionné d'Afrique, il s'est rendu au Niger à la demande de Ban Ki-moon, pour aider ce pays à faire la paix avec les rebelles touaregs, une mission qui soulevait peu d'enthousiasme au sein du gouvernement de Niamey.

Le kidnapping a été d'abord revendiqué par des groupes rebelles, puis par une organisation reliée à Al-Qaeda.

 

Quatre autres Canadiens en otage

> Amanda Lindhout, journaliste albertaine enlevée en Somalie le 23 août 2008;

> Beverly Giesbrecht, journaliste de Vancouver convertie à l'islam, enlevée au Pakistan le 11 novembre 2008;

> Stéphanie Jodoin, travailleuse humanitaire originaire de Montréal, enlevée au Darfour le 4 avril 2009;

> Julie Ann Mulligan, travailleuse humanitaire enlevée au Nigeria le 16 avril 2009.