La résistance s'organise pour empêcher la fusion du CSSS Champlain à l'hôpital Charles-LeMoyne, en Montérégie. Le ministre Yves Bolduc, de passage à Montréal hier, a eu droit à une levée de boucliers lors d'une rencontre avec des médecins et dirigeants des deux établissements. Ces derniers sont totalement en désaccord avec l'idée de fusionner les deux établissements, dont les missions, disent-ils, sont opposées.

Selon nos sources, le ministre de la Santé s'est défendu devant le conseil d'administration de vouloir imposer la fusion; il a soutenu qu'il ne s'agit pour l'instant que d'une «hypothèse.» L'attachée de presse du ministre, Karine Rivard, avait aussi affirmé jeudi que, le projet n'en est qu'à l'étape de la réflexion.

 

Intentions claires

Le président du conseil d'administration du CSSS, Yvan Châtigny, estime pour sa part que le gouvernement a déjà fait son lit et que l'intention du ministre de la Santé est claire.

«Quand on a rencontré le ministre, en novembre dernier, il nous a dit que la fusion était incontournable, soutient-il. Nous, ce qu'on dit, c'est que dans le contexte actuel, avec le redressement de notre structure déjà amorcé en 2009, ce serait perdre de vue notre mission première de promotion de la santé, de prévention et de soins de première ligne auprès de la population.»

Qu'elle soit «incontournable» ou encore au stade d'«hypothèse», les médecins et le personnel du CSSS ne veulent pas d'une «fusion forcée» avec un hôpital universitaire.

Le Dr Bernard Magnan, président du Conseil des médecins (CMDP) du CSSS, estime que la fusion n'aurait pour effet que «d'engloutir l'établissement dans une structure déficitaire dont la seule fenêtre sur le monde est sa salle d'urgence».

«C'est un centre universitaire, dont la mission n'est pas d'offrir des soins de première ligne, explique le Dr Magnan, qui représente 50 de ses confrères. On pense que le ministre Bolduc n'a pas une bonne lecture de la Rive-Sud. La dernière chose qu'on veut en ce moment, c'est une démobilisation. Actuellement, le ministre envoie un message de confusion.»