Même si le ministère des Transports a entrepris depuis 1995 d'asphalter en priorité les accotements en gravier, considérés comme les plus dangereux pour les cyclistes, il en reste encore beaucoup sur les routes du Québec. Selon une évaluation fournie à La Presse, il resterait 2405 km de ces accotements sur les routes provinciales considérées comme à risque, soit celles où circulent plus de 5000 véhicules par jour.

«Le travail est fait à 91%, on a fait un pas de géant et on profite de la mobilisation à un endroit donné pour continuer l'asphaltage», a expliqué Guillaume Lavoie, porte-parole du MTQ.

Depuis 1995, année de l'entrée en vigueur de la Politique sur le vélo (mise à jour en 2008), Transport Québec a fait de l'asphaltage de l'accotement des routes fréquentées une priorité. Au-delà de la sécurité des cyclistes, c'est celle de tous les usagers qu'on veut améliorer : des études citées par le Ministère font état d'une réduction de 20 à 30% des accidents après l'asphaltage.

Des 29 000 km de routes et autoroutes qu'il gère, le MTQ en a désigné 28 143 km dont les accotements devraient être asphaltés. Depuis, 25 738 km l'ont déjà été, et un plan d'action ambitieux prévoit en asphalter encore 2500 d'ici à 2012. «Ça s'intègre maintenant dans la culture du Ministère. On a fait beaucoup de chemin», estime M. Lavoie.

Lacunes sur la Route verte

Ce taux de réussite spectaculaire fait quelque peu tiquer le directeur général de Vélo Québec, Jean-François Pronovost. «Je suis un peu étonné, je trouve ça beaucoup...» C'est que le MTQ exclut de ses statistiques les 92 000 km de routes, rues et chemins gérés par les municipalités. Impossible, dans ces derniers cas, d'obtenir un portrait fiable de l'asphaltage des accotements. «Il est clair que certaines routes semblent relever du provincial mais sont en fait sous la responsabilité des municipalités», note M. Pronovost.

À titre d'exemple, un des joyaux du réseau cyclable québécois, la Route verte, est loin d'avoir 91% d'accotements asphaltés. Des 4112 km qu'elle compte, il y a près de 2000 km de pistes et de bandes cyclables et 1579 km de route avec accotement asphalté. Le reste, soit 810 km dits de «chaussée désignée» - des segments de route où cyclistes et automobilistes se partagent la chaussée -, est notamment équipé d'accotements de gravier.

Par ailleurs, à plusieurs dizaines d'endroits, la Route verte est interrompue par des segments non aménagés que le cycliste est tout de même obligé de traverser. Les routes en Gaspésie et en Abitibi, notamment, réservent quelques surprises à cet égard. «On sait que ce sont des routes déjà utilisées par les cyclistes, tout le monde y va, Route verte ou pas, explique M. Pronovost. Elles ne sont pas incluses dans les 4112 km de la Route verte, mais les routes, en principe, sont accessibles à tout le monde.»

Week-end funeste

La fin de semaine a été funeste pour les cyclistes. En plus des trois femmes fauchées vendredi alors qu'elles roulaient sur la route 112 à Rougemont, un homme de 57 ans a été happé mortellement samedi soir par une automobiliste en état d'ébriété à Val-Morin, et un adolescent de 16 ans a été tué par un motocycliste dimanche soir à Ottawa. Hier, un cycliste luttait pour sa vie après une collision avec une voiture survenue à Trois-Rivières.

L'automobiliste impliquée dans l'accident de Val-Morin, Ginette Boivin, a été accusée hier après-midi de conduite avec facultés affaiblies qui a causé la mort. La femme de 44 ans a comparu au Palais de justice de Saint-Jérôme. Selon la police, son taux d'alcoolémie était deux fois supérieur à la limite permise. Son enquête pour remise en liberté se déroulera jeudi.

- Avec la collaboration d'Hugo Meunier et de Paul Journet