De 2006 à 2009, plusieurs arrondissements de la Ville de Montréal ont confié leurs contrats de travaux publics au même entrepreneur, ou à seulement deux ou trois sociétés, souligne le rapport du Vérificateur général.

Au cours de ces trois années, l'arrondissement d'Anjou a accordé 100% de ses contrats à Construction Louisbourg, propriété de l'homme d'affaires bien connu Tony Accurso. Les cinq contrats avaient une valeur de 6,2 millions de dollars.

 

Pendant la même période, l'arrondissement de Verdun a lui aussi adjugé la totalité de ses 26 contrats aux Entreprises Catcan, qui appartiennent à Paolo Catania. Leur valeur s'élevait à 22,6 millions.

L'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve a attribué les contrats les plus coûteux à BP Asphalte, propriété de Joe Borsellino. Cette entreprise a raflé seulement 4 des 11 contrats, mais leur valeur s'élevait à 65% du total.

L'arrondissement de Saint-Laurent a fait la même chose. La valeur des contrats obtenus par Construction Garnier a atteint 65% du total. Cette entreprise appartient à un autre Joe Borsellino. Ciments Lavallée, dont l'actionnaire majoritaire est encore Tony Accurso, arrive au deuxième rang. La valeur de ses contrats était de 20% du total.

Le vérificateur Jacques Bergeron a noté une situation semblable dans les arrondissements de Montréal-Nord, Pierrefonds-Roxboro, Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Lachine et LaSalle. En revanche, les contrats semblent avoir été répartis parmi un plus grand nombre d'entreprises dans les arrondissements d'Ahuntsic-Cartierville, de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, d'Outremont, du Plateau-Mont-Royal, de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, de L'Île-Bizard-Sainte-Geneviève, du Sud-Ouest et de Ville-Marie (voir tableau).

Variations

«Ces résultats me permettent de constater que la proportion des contrats octroyés aux mêmes entrepreneurs au cours des quatre dernières années varie d'un arrondissement à l'autre, souligne M. Bergeron. Dans certains arrondissements, l'octroi des contrats est réparti entre plusieurs entreprises alors que dans d'autres, pratiquement tous les contrats sont octroyés au même entrepreneur.

«Bien que ces contrats aient été adjugés au plus bas soumissionnaire conforme, je demeure néanmoins perplexe en regard du fait que certains arrondissements octroient une forte proportion de leurs contrats aux mêmes entrepreneurs.»

Une meilleure concurrence

L'administration Tremblay souligne de son côté qu'elle a mis en place une série de mesures pour assurer une meilleure concurrence. Ses fonctionnaires sont à intégrer des clauses destinées à empêcher la collusion et la fraude dans les documents d'appel d'offres. La Ville a aussi adopté un code d'éthique et une ligne d'éthique visant à prévenir la fraude et le gaspillage.

M. Bergeron a dit qu'il allait de nouveau examiner l'attribution des contrats l'année prochaine pour vérifier si ces mesures ont porté leurs fruits.

De leur côté, les dirigeants des deux partis de l'opposition, Vision Montréal et Projet Montréal, ont déclaré que le tableau préparé par le vérificateur donne l'impression que des entreprises se sont partagé le territoire de Montréal.

En additionnant les contrats accordés par les arrondissements, le comité exécutif, le conseil municipal et le conseil d'agglomération, M. Bergeron conclut qu'une vingtaine d'entreprises ont obtenu pour près de 1 milliard de dollars de contrats de 2006 à 2009. Les plus importantes sont Construction Frank Catania, Construction Louisbourg, Entreprises Catcan, Construction DJL et Construction Garnier.

La Presse a tenté de recueillir le point de vue de leurs dirigeants, mais aucun d'eux ne nous a rappelé.