Une deuxième offensive pour lutter contre la pauvreté au Québec a été lancée en grande pompe dimanche à Montréal mais le plan d'action du gouvernement québécois, qui consacre près de 7 milliards de dollars sur cinq ans aux plus démunis, ne permettra pas d'améliorer leur qualité de vie, ont aussitôt déploré les divers organismes impliqués et l'opposition péquiste.

Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, semblait particulièrement enthousiaste à l'égard du plan qu'il a présenté dimanche à Montréal.«Alors que le premier plan d'action (2004-2009) comptait sur des investissements de plus de 4,5 milliards en six ans, le deuxième plan disposera de plus de 7 milliards de dollars pour les cinq prochaines années», a-t-il dit.

«Aujourd'hui, demain, après-demain, nous voulons enrayer cette pauvreté, et ça commence maintenant», a lancé M. Hamad, qui était aux côtés de la ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault.

La plupart des mesures contenues dans le «Plan d'action gouvernemental pour la solidarité et l'inclusion sociale 2010-2015» ont déjà été présentées dans le dernier budget. C'est le cas du crédit d'impôt pour la solidarité, qui remplace et bonifie trois crédits d'impôt précédents. Cette mesure coûtera 540 millions en cinq ans au gouvernement.

Les bénéficiaires de ce crédit d'impôt recevront une somme moyenne de 510$ par année, soit 174$ de plus que ce qu'ils recevaient précédemment. Cette mesure devrait profiter à 2,7 millions de personnes, ce qui représente 200 000 personnes de plus qu'avant.

Questionné sur les nombreuses hausses tarifaires prévues dans le budget, Sam Hamad a assuré que les prestataires du crédit d'impôt en sortiraient gagnants. Il leur restera en moyenne de 150$ à 300$ par année en poche, a-t-il indiqué.

Par ailleurs, le gouvernement a réitéré dimanche qu'il prévoyait financer la construction de 3000 logements sociaux d'ici à 2014, ce qui coûtera 476 millions.

Au chapitre des nouveautés, Québec ne tiendra plus compte des pensions alimentaires des enfants dans le calcul de prestations d'aide de dernier recours. De plus, le gouvernement entend bonifier de 115 millions en cinq ans le Fonds québécois d'initiatives sociales, créé en 2002 pour financer les initiatives locales et régionales.

Le plan d'action prévoit également la reconduction du soutien aux enfants, du supplément de la prime au travail, l'indexation automatique des prestations d'aide sociale et la révision annuelle du salaire minimum.

Des critiques

Monique Richard, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'emploi et de solidarité sociale, juge le plan «insuffisant». «Nous allons prendre le temps de lire le document au complet, mais la première lecture est décevante», a-t-elle déclaré au terme de la conférence de presse.

Mme Richard s'est étonnée que les membres du Collectif pour un Québec sans pauvreté n'aient pu assister à l'annonce de dimanche. En effet, les gardes de sécurité les ont refoulés à l'entrée.

Pendant la conférence de presse, les militants antipauvreté ont manifesté haut et fort à l'extérieur. Le Collectif, qui regroupe 35 organisations québécoises, déplore que le gouvernement n'ait pas haussé davantage l'aide sociale.

La prestation de base pour les personnes considérées comme aptes au travail est actuellement de 7200$ par année. Le Collectif souhaite que tous les bénéficiaires aient droit à un minimum de 10 500$, soit la somme actuellement destinée aux prestataires qui ont des contraintes sévères à l'emploi.

Sam Hamad estime que cette mesure aurait été beaucoup trop coûteuse pour l'État. «Si nous en avions tenu compte, nous aurions doublé le total de notre plan d'action», a-t-il dit.