Une famille ontarienne est impliquée bien malgré elle dans l'affaire des présumés espions russes aux États-Unis et souhaite obtenir des réponses du gouvernement fédéral. Elle craint notamment d'avoir des problèmes pour se rendre à l'étranger ou même de recevoir la visite d'espions russes.

David Heathfield, de Brampton en Ontario, a déclaré mardi qu'il aimerait obtenir des réponses d'Ottawa après que le nom de son frère décédé ait été mentionné dans les documents judiciaires relatifs aux accusations d'espionnage. Selon le FBI, l'identité de Donald Heathfield, mort à Montréal à l'âge de six semaines en 1963, a été usurpée par un présumé espion établi dans la ville de Boston, au Massachusetts.

Le faux Donald Heathfield et sa femme, Tracey Lee Ann Foley, qui prétend aussi être canadienne, font partie du groupe des 11 personnes arrêtées pour avoir collaboré à un supposé réseau d'espionnage aux États-Unis.

L'homme est apparemment le concepteur d'un logiciel baptisé Future Map et travaillait comme directeur dans un bureau de Global Partners inc., une firme de services aux entreprises.

En ouvrant un coffret de sûreté à Cambridge, dans l'État du Massachusetts, des inspecteurs ont découvert une photocopie d'un certificat de naissance ontarien au nom de Donald Howard Graham Heathfield. Une recherche du FBI parmi les avis de décès a confirmé qu'il s'agissait du fils d'un Ontarien décédé en 2005.

Les agents internationaux du SVR et de son ancêtre, le KGB soviétique, ont depuis longtemps l'habitude d'usurper l'identité de personnes décédées en très bas âges afin de se créer une couverture.

David Heathfield suppose que les services secrets russes ont exploité un avis de décès paru dans un journal de Montréal il y a 47 ans.

«Comment l'ont-ils obtenu? Comment pouvons-nous nous protéger pour le futur? Quelles conséquences cet évènement aura-t-il sur nous?», s'est-il interrogé, mardi.

«Aurons-nous des difficultés pour voyager à l'étranger, aux États-Unis?», a-t-il poursuivi, avant de se demander s'il allait être interrogé par les policiers à chaque fois qu'il utiliserait son nom, ou encore si des espions russes allaient venir frapper à sa porte.

Les autorités canadiennes ne l'ont pas encore contacté. Elles n'ont presque rien déclaré concernant cette affaire d'espionnage.

Les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères du Canada ont d'abord dirigé les appels sur le sujet vers le bureau du ministre de la Sécurité publique, Vic Toews. Le ministre a ensuite redirigé les appels vers les Affaires étrangères.

«Il s'agit d'une enquête américaine. Nous continuons à travailler avec nos alliés dans cette affaire, a affirmé le ministère des Affaires étrangères dans une déclaration. Comme l'enquête est encore en cours, nous n'avons pas de commentaires pour le moment.»

Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a aussi refusé de commenter.

L'ambassadeur du Canada aux États-Unis, Gary Doer, a affirmé qu'il pensait que «les gens au SCRS allaient accomplir leur travail en relation avec ces accusations».

Un porte-parole du ministère des Services gouvernementaux de l'Ontario, responsable des certificats de naissance, a affirmé que son ministère accepterait de collaborer avec toute enquête le concernant. Par contre, comme le vrai Donald Heathfield est né dans la province de Québec, il semblerait bien que le certificat découvert par le FBI est un faux.

En plus du cas de M. Heathfield, deux autres individus arrêtés dans le même dossier prétendaient être canadiens. Il s'agit de Patricia Mills et de son conjoint, Christopher Metsos. Ce dernier a été arrêté mardi à Chypre.