Louise-Anna Turcotte Brouillette vit au jour le jour, sans penser au lendemain. Elle se garde occupée en «bricolant» elle-même ses cadeaux de Noël. Et le soir, de temps en temps, elle prend une petite cuillère de brandy diluée dans une tasse d'eau chaude.

Son mode de vie est simple, mais il semble lui réussir à merveille: la résidante de Saint-Roch-de-l'Achigan, dans Lanaudière, a fêté dimanche ses 105 ans dans une salle de réception de Joliette.

Vêtue d'un tailleur bleu, la centenaire resplendissait. Ses deux filles, âgées de 70 et 81 ans, la couvaient d'un regard fier. «Elle est admirable, a dit Jeannine, 81 ans. À 105 ans, elle est encore active et se rappelle bien des choses.»

Louise-Anna Turcotte est née le 5 septembre 1905 à Saint-Esprit, dans Lanaudière. Deuxième d'une famille de dix enfants, elle a vécu une bonne partie de son enfance chez sa grand-mère, qui s'est occupée d'elle pour offrir un petit répit à ses parents.

À l'époque, il n'y avait pas de voitures, pas de téléphone, pas de toilettes dans la maison et pas d'électricité, se souvient-elle. Pour s'éclairer, le soir, les villageois utilisaient des lampes à l'huile.

«Je me rappelle le jour où l'électricité est arrivée, raconte-t-elle. Le notaire (Jean-Marie) Daniel avait gagné ses élections et il avait obtenu les fils et les poteaux pour le village.»

Jeune femme, Louise-Anna Turcotte Brouillette a épousé Alcidas Hetu, avec qui elle a eu trois filles. Son premier mari est décédé en 1962. Trois ans plus tard, elle s'est remariée avec l'agriculteur Émilien Brouillette, veuf et père de sept enfants.

En 1985, son deuxième mari est décédé. Aujourd'hui, elle est encore très proche des enfants de ce dernier. «J'ai été très heureuse avec Émilien. Je ne manquais de rien. Il était plus jeune que moi, et j'aurais préféré mourir à sa place», dit-elle, émue.

Il y a cinq ans, elle a vécu un autre deuil: sa fille aînée, Marielle, a été emportée par le cancer. Louise-Anna a traversé une période difficile, mais elle a réussi à remonter la pente.

«J'ai la chance d'avoir toujours le goût du travail, dit-elle. Le bon Dieu me donne encore des idées.» Habile de ses mains, elle aime l'artisanat, le tricot et le crochet. Et deux fois par semaine, elle joue au bingo à sa résidence pour personnes âgées, à Saint-Roch-de-l'Achigan.

À 105 ans, le bon Dieu a-t-il oublié de venir la chercher? Non, répond-elle. «Le bon Dieu ne m'a pas oubliée, puisque je continue à faire des choses avec grand plaisir. Si ça peut continuer comme ça, j'espère que ça va durer encore longtemps.»

En 2009, 1140 Québécoises et 216 Québécois étaient âgés de 100 ans et plus, selon l'Institut de la statistique du Québec. Au Canada, le record de longévité est détenu par la Québécoise Marie-Louise Fébronie Meilleur, morte en 1998 à l'âge de 117 ans.