Sur une période de 10 mois, quelque 450 soldats basés à la base des Forces canadiennes de Petawawa ont demandé une consultation en santé mentale, indiquent des dossiers internes de l'armée.

Entre janvier 2010 et octobre, 458 nouvelles requêtes pour ce type de consultation ont été soumises dans cette base militaire de l'est de l'Ontario.

Les problèmes invoqués variaient. Selon des documents obtenus par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, les problèmes allaient de la dépendance au stress, en passant par des tensions lors des retrouvailles avec la famille au retour d'une mission de combat en Afghanistan.

Ces documents donnent un rare aperçu de l'anxiété pesant sur les épaules des soldats de Petawawa, une base militaire durement frappée par la mort et les blessures qu'ont entraînées des missions successives dans les régions dangereuses de Kandahar.

Sur les 155 soldats canadiens morts au combat en Afghanistan depuis 2002, environ le quart avaient été basés à Petawawa.

La plupart des soldats qui ont demandé de l'aide, l'année dernière, ont invoqué des problèmes de colère, de consommation d'alcool et de changements d'humeur ainsi que des difficultés d'adaptation dans le retour à la vie de famille.

Le lieutenant-colonel Rakesh Jetly, un psychiatre d'expérience au sein des Forces canadiennes, a expliqué qu'il s'agissait de soldats devant composer avec des traumatismes, le stress et des pertes de vies humaines.

Selon lui, il est question d'un carnage à un degré qui n'a pas été vu depuis la guerre de Corée.

«Le stress associé aux retrouvailles est également très unique, parce qu'il n'est pas facile de reprendre sa vie et de vivre comme si rien n'avait changé», a ajouté le lieutenant-colonel Jetly.

Au sein des Forces canadiennes, en date de juin, environ cinq pour cent des 17 678 soldats qui s'étaient soumis au processus de dépistage médical postdéploiement, soit plus de 880 personnes, ont fait part de symptômes s'apparentant à ceux d'un trouble de stress post-traumatique ou d'une dépression, selon une enquête.

Une analyse menée par l'armée indique que les soldats qui ont combattu le plus longtemps sont quatre fois plus à risque d'en être atteints.

Un peu plus de quatre pour cent des participants à l'enquête ont admis avoir des problèmes d'alcool et éprouver des symptômes de problèmes de santé mentale. Treize pour cent des participants ont affirmé consommer de d'alcool de manière excessive, mais sans ressentir de tels symptômes.

Le lieutenant-colonel Jetly a indiqué que le nombre de soldats qui présentaient des signes de trouble de stress post-traumatique ou de dépression avait légèrement reculé. En 2006, ce nombre représentait six pour cent de l'ensemble des Forces canadiennes.

Le psychiatre a fait mention d'un changement d'importance. Plus de la moitié des soldats aux prises avec des problèmes ont indiqué, lors du dépistage médical postdéploiement, processus qui avait eu lieu entre trois et six mois après le retour d'une mission, qu'ils étaient déjà traités.

Selon le lieutenant-colonel Jetly, il s'agit d'une grande avancée au regard de la situation qui avait cours il y a quelques années, lorsqu'il était courant que des soldats éprouvent des problèmes durant au moins cinq ans avant de demander de l'aide.

«Ce n'est pas nécessairement une mauvaise nouvelle que beaucoup de soldats reçoivent un traitement», a donc conclu le lieutenant-colonel Jetly.