Au sein de toutes les religions - y compris le bouddhisme -, il existe des fidèles qui portent en eux les germes de sentiments destructeurs, mais il faut se garder de condamner en bloc ces religions, a soutenu le dalaï-lama mercredi, à quelques jours seulement du dixième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001.

Selon le dalaï-lama, l'un des secrets du succès de la promotion d'une harmonie religieuse d'après-11-septembre est de cesser de critiquer les religions en se basant sur les gestes destructeurs posés par certains fidèles.

L'homme se prononçait dans le cadre d'une conférence, tenue à Montréal, sur le rôle des religions dans la promotion de la paix dans le monde d'aujourd'hui, un monde qui a été fortement marqué par ces attentats.

«Si vous critiquez l'islam en raison des gestes posés par une poignée de musulmans, il vous faudra aussi, en toute logique, dénoncer toutes les religions», a soutenu le chef spirituel du Tibet devant une salle bondée.

«Créer ce genre d'impression négative à propos d'une religion en particulier est quelque chose qui n'a aucun sens», a-t-il poursuivi.

Il s'est pointé du doigt, puis a désigné l'ensemble de la salle, en affirmant que toute personne pourrait développer des sentiments destructeurs. Il a affirmé que c'était le rôle des religions que d'aider les gens à réfréner ce type d'émotions.

«C'est grâce à la conscience que nous pouvons tenter de minimiser ces sentiments destructeurs pour plutôt essayer d'augmenter ceux qui sont constructifs», a expliqué le dalaï-lama, à qui la citoyenneté canadienne avait été accordée en 2006.

La conférence d'une journée prévoyait également des tables rondes animées par d'éminents intellectuels des religions - notamment la prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, de même que Tariq Ramadan et Deepak Chopra.

Des experts de confessions musulmane, juive, chrétienne, hindouiste et bouddhiste ont échangé sur ce que leur religion peut apporter à la paix.

M. Ramadan a quant à lui pressé les leaders religieux d'avoir le courage de condamner les fidèles qui affirment avoir le droit de tuer d'innocents civils au nom de leur foi.

«Si cette conférence a son propre sens, c'est aussi l'occasion de nous lever et de dire : »Non, nous ne vous laisserons pas faire ça parce que vous représentez un danger pour nous tous»», a lancé M. Ramadan, un renommé académicien de l'Université d'Oxford.

«D'un point de vue religieux, celui qui évite de parler de violence ne trouvera jamais la paix», a ajouté l'homme de confession musulmane.

La chef intérimaire de l'opposition officielle du Canada, la néo-démocrate Nycole Turmel, a soutenu que le pays devrait aspirer à une attitude plus inclusive, telle que prisée par le dalaï-lama.

«Nous croyons que la paix est une priorité, et créer un environnement comme le premier ministre Harper tente de le faire, un environnement où nous devrions avoir peur l'un de l'autre, ça ne fonctionne pas», a déclaré Mme Turmel, qui prenait part à la conférence de mercredi.