«Souverainiste convaincue», l'ex-présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, accuse François Legault et le député Jean-Martin Aussant de nuire au projet d'indépendance du Québec. Elle trouve «désolants» les déchirements de la famille souverainiste et souhaite que la souveraineté soit dépoussiérée plutôt que prise dans un «débat mécanique» sur le meilleur moment de tenir un nouveau référendum.

Dans une lettre envoyée à La Presse, Mme Carbonneau déplore la décision du député Jean-Martin Aussant de créer un nouveau parti souverainiste, l'Option nationale, qui n'aidera pas à faire avancer la cause, selon elle. «Je ne rejette pas l'idée qu'il puisse y avoir un débat. En même temps, si tu veux te singulariser, ne le fais pas en reprenant le même créneau qui est celui de comment, comme gouvernement souverainiste, on pourrait accéder à la souveraineté», a-t-elle dit dans une entrevue accordée à La Presse.

Jean-Martin Aussant, qui soutient que le Parti québécois et Québec solidaire «ne font rien pour faire avancer rapidement» l'indépendance du Québec, a annoncé lundi la création de son nouveau parti. Mme Carbonneau juge que le député a tout faux. «Je trouve que pour le citoyen ordinaire, on en est à d'autres questions. Pourquoi se donner un pays? C'est autour de cette question que doit s'articuler le débat.»

En entrevue, elle s'en prend également à François Legault, qui se propose de repousser le débat sur la souveraineté s'il est élu premier ministre: «C'est une abstraction qui ne tient pas debout. Dire qu'on prend la question nationale, qui demeure une question centrale, et qu'on la met au frigidaire pour une période de 5 ou 10 ans, ça ne fait pas sérieux.»

L'ex-présidente de la CSN trouve également que les idées de la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault sont déconnectées des préoccupations de la population. «Il n'y a rien de bien nouveau. Ça m'apparaît plutôt idéologique, à côté des problèmes de société.»

Mme Carbonneau relève que François Legault déplore aujourd'hui de ne pas avoir pu toucher aux conventions collectives des employés de l'État lorsqu'il était ministre. «Dans la conjoncture actuelle, il me semble que le problème premier du Québec, ce n'est pas la nature des conventions collectives du secteur public! Les problèmes sont ailleurs.»

Questionnée sur son intérêt à entrer dans l'arène politique maintenant qu'elle a quitté la CSN, Mme Carbonneau répond: «Je n'en suis pas là.» Malgré ses pointes contre Legault et Aussant, elle assure qu'elle ne se range pas pour autant derrière le Parti québécois. «Être souverainiste, c'est une chose. Être au PQ, c'en est une autre. Moi, je prends position comme souverainiste convaincue.»

Toujours intéressée au débat public, elle constate que l'appui au projet d'indépendance diminue peu à peu dans la population. Elle souhaite maintenant que la famille souverainiste travaille à le moderniser pour qu'il retrouve la faveur populaire. «L'option souverainiste s'est empoussiérée, elle a vieilli, elle est portée de façon moins militante.»