La question de l'unilinguisme anglais dans les institutions francophones ne touche pas que la Caisse de dépôt et placement. Un autre fleuron du Québec inc., la Banque Nationale, a aussi des défis à ce sujet.

Depuis 2007, le premier vice-président des technologies de l'information de l'institution est John B. Cieslak et il ne parle pas français. Par conséquent, tous les documents relatifs aux technologies de l'information qui lui sont transmis doivent être rédigés en anglais, selon nos informations.

De plus, les informaticiens internes et les consultants externes qui travaillent sur des projets de M. Cieslak doivent avoir une très bonne maîtrise de l'anglais, sans quoi ils sont affectés à d'autres fonctions, nous dit-on.

Le porte-parole de la Banque Nationale, Claude Breton, confirme que M. Cieslak parle seulement anglais. Mais il soutient que son cas est une exception. «La Banque Nationale est une institution où ça se passe en français partout: aux ressources humaines, sur le terrain, dans les unités d'affaires, dans les succursales», dit-il.

L'institution de charte fédérale n'est pas assujettie à la loi 101, mais elle «suit la Charte de la langue française de [son] propre chef pour ce qui est de la langue de travail», dit M. Breton.

Les cadres compétents et d'expérience dans le secteur des technologies de l'information sont rares, d'autant plus lorsqu'ils doivent aussi connaître le milieu financier, explique M. Breton.

«Personne n'a été écarté de projets en raison de son incompréhension de l'anglais. Mais les technologies de l'information font partie d'un univers mondialisé, qui fonctionne essentiellement en anglais. Un employé qui veut envoyer un document en français à M. Cieslak peut le faire. Par courtoisie, on lui envoie souvent le document en anglais. L'employé peut faire traduire le document par le service de traduction de la banque», explique M. Breton.

John Cieslak compte 26 ans d'expérience comme gestionnaire dans les secteurs technologique et financier. Avant de se joindre à la Banque Nationale, il était premier vice-président et chef de l'information du Groupe TSX, propriétaire de la Bourse torontoise du même nom.

À la Banque, John Cieslak est aussi responsable de «l'approvisionnement et de la performance organisationnelle». Le gestionnaire est également membre du Bureau de la présidence, groupe composé des 10 principaux gestionnaires de l'institution, dont le PDG, Louis Vachon.

Les réunions de ce comité de direction se déroulent-elles en anglais en raison de la présence de M. Cieslak? «Au bureau de la présidence, ça se passe dans la langue du choix de celui qui veut parler. Les interventions sont parfois en français, parfois en anglais. Et personne n'en fait de cas», dit M. Breton.

En plus du comité de direction, l'institution a un conseil d'administration, comme toutes les grandes entreprises. Au dire de M. Breton, les réunions de ce conseil d'administration se déroulent en français.

Les consultants externes qui travaillent à la Banque Nationale proviennent généralement de la firme CGI. «Jamais aucun professionnel de CGI n'a été écarté à la Banque Nationale parce qu'il ne parlait pas suffisamment anglais», affirme le porte-parole de CGI, Sébastien Barangé.

Cette semaine, la Caisse de dépôt et placement du Québec a fait les manchettes parce que deux de ses cadres supérieurs sont des anglophones unilingues. Les deux travaillent pour la filiale immobilière de la Caisse, Ivanhoé Cambridge. Il s'agit du président, exploitation, Kim McInnes, et du premier vice-président, ressources humaines, David Smith.

La Caisse de dépôt a pris des mesures cette semaine pour que les deux cadres accélèrent leur apprentissage du français. À la Banque Nationale, John Cieslak ne suit pas de cours de français, nous indique Claude Breton.