L'appel a été lancé dans notre numéro du 19 novembre. L'ampleur de la réponse nous a... époustouflés! De Morgan Condello, âgé de 17 jours, à Marthe Asselin Vaillancourt, 80 ans, vous avez été plus de 200 lecteurs à nous avoir envoyé vos mots d'espoir. Le résultat: une grande mosaïque de souhaits que nous vous invitons à éplucher, sur lapresse.ca, pour méditer sur vos rêves et espoirs en cette fin d'année 2011.

Il y a le message. Mais il y a aussi le messager.

Sophie Rondeau a tout de suite pensé à ses élèves en lisant l'invitation lancée dans La Presse du 19 novembre. Elle avait envie de savoir ce que ses grands garçons et filles, élèves de 5e secondaire à l'école Antoine-Brossard, écriraient sur un carton. Le résultat l'a étonnée.

> À voir: Une grande mosaïque de rêves et une vidéo sur www.lapresse.ca/espoir.

Il y a Nicolas Fyfe-Gauthier, qui aimerait «connaître la misère une fois dans [sa] vie». «Ici, nous vivons dans une société où l'on a tout ce que l'on veut facilement et où il y a beaucoup trop de gaspillage», écrit-il.

Ou Shihab Oada qui, à 17 ans, pose un regard sévère sur ses congénères. «Je veux que la génération suivante vive mieux que nous», a-t-il écrit. La sienne, dit-il, «ne se préoccupe pas de la société, elle se moque des études et ne veut rien faire d'autre de sa vie que s'amuser».

«Comme prof, ça m'a permis de mieux les connaître», dit Mme Rondeau. L'exercice, dans cette école comme ailleurs, a été pris au sérieux. Le résultat porte aussi à réfléchir. Quel portrait de société dresse cet instantané des rêves saisi en cette fin d'année 2011?

Si les enfants sont souvent emballés quand ils rêvent de l'avenir, l'optimisme s'effrite à l'adolescence. Pollution, injustice, guerre... Les ados portent un regard dur sur la société. En vieillissant, les préoccupations semblent être plus personnelles. La santé - la sienne et celle de ses proches - est un thème omniprésent.

Les appels à une planète plus propre sont nombreux, tout comme ceux qui aspirent à la paix, à la justice. Réal Audette, 75 ans, voudrait voir sa ville «améliorer sa démocratie». Justin Langelier, 16 ans, s'insurge contre la corruption. «Je trouve injuste de voir des personnes qui font d'énormes sacrifices pour réaliser un rêve [...] et qui n'y parviennent pas, car quelqu'un d'autre a décidé de prendre leur place sans faire d'effort, simplement avec une "enveloppe brune".»

Marc Blanchette, 44 ans, n'est plus fier de son pays. «En quelques mois à peine, le Canada a perdu de son lustre; les leaders au pouvoir font des gestes, emploient des mots qui me sont étrangers. Je ne me reconnais plus dans ce Canada-là.» Quant à Marc-André Lafontaine, 16 ans, il refuse toute étiquette liée à la nationalité. «Pour moi, la liberté, c'est que chaque être humain puisse aller où il veut sur la Terre, sans avoir à passer des frontières.»

La crainte que la mort ne sépare les êtres qui s'aiment est poignante. Nehemiah McGregor, 12 ans, s'inquiète. «Dans mon lit, chaque jour, je me demande ce qui arrive quand tu meurs. Est-ce que cela fait mal? Est-ce que tu t'en rends compte?»

Des inquiétudes qui résonnent chez Maria José Acosta Gomez, 16 ans, qui voudrait «inventer un téléphone de la Terre au paradis». «Les personnes n'ont pas peur de la mort, elles ont peur de partir et de ne plus revenir, de ne plus revoir les personnes qu'elles aiment», dit-elle.

Neige en Afrique et princesses sans cheveux

Mais l'avenir n'est pas seulement fait de catastrophes et d'angoisses existentielles. Il s'affiche parfois avec candeur et enthousiasme.

Tommy Gingras-Boivin, 13 ans, rêve, par exemple, d'avoir «un chien et un singe». Shawn Prempeh, 12 ans, souhaite voir de la neige... en Afrique! «Si les Africains avaient de la neige, ils seraient heureux. Ils oublieraient la chaleur accablante.»

Marc-Olivier Leroux, 14 ans, veut «sauver une vie». «J'aimerais faire un geste qui changera la vie d'une personne et la mienne. Sauver une vie ferait de moi une meilleure personne.» Krystel-Mary Assaf, 13 ans, souhaite que «Disney invente une princesse sans cheveux pour que les petites filles atteintes du cancer se trouvent belles».

De son côté, Nicolas Larin-Joseph, 12 ans, formule deux souhaits qui peuvent paraître contradictoires: arrêter la pollution, et fournir une voiture à tout le monde. «Pour que les chauffeurs d'autobus puissent avoir plus de temps pour eux et leur famille. Ainsi, mon père, qui est chauffeur, pourrait être plus souvent à la maison.»

Changer le monde ou changer de vie... Plus de 200 rêves sont affichés sur la grande mosaïque que vous trouverez sur www.lapresse.ca/espoir.