Le gouvernement d'Arabie saoudite empêcherait Nathalie Morin et ses enfants de quitter l'enfer qu'elle dit vivre dans ce pays du Proche-Orient, même si son mari est disposé à rentrer au Québec avec eux et que le Canada l'y autorise. C'est du moins ce qu'affirme cette Québécoise qui, en 2005, est allée rejoindre son conjoint saoudien, Saeed Al Sharahni, qu'elle avait rencontré à Montréal en 2001 lorsqu'il était étudiant à l'Université Concordia. Ils ont rapidement eu un enfant, puis l'homme a été expulsé vers son pays à la fin de 2002.

Après quelques voyages là-bas, Nathalie Morin a décidé de s'y installer pour habiter avec lui et leur fils, Samir.

Mme Morin dit vivre un enfer depuis son arrivée en Arabie saoudite. Et cette situation ne se serait pas améliorée avec la naissance de ses deux autres enfants, Abdullah et Sarah. Sa mère, Johanne Durocher, qui habite Montréal, le confirme.

Mme Morin serait séquestrée en quasi-permanence avec ses trois enfants dans un appartement de Dammam, une ville située à cinq heures de route de la capitale, Riyad. Elle y serait maltraitée, même violée, et manquerait de nourriture pour ses enfants et elle. Son mari a longuement refusé de la laisser rentrer au Canada.

Le gouvernement canadien est même intervenu dans le dossier, mais sans grand succès.

Toutefois, le mari se serait un jour ravisé et aurait accepté que Nathalie Morin rentre chez elle avec leurs enfants, à la condition qu'il obtienne du Canada la permission de revenir aussi.

Cette autorisation lui aurait été accordée le 30 novembre dernier par Citoyenneté et Immigration Canada, affirme Nathalie Morin.

«C'était une bonne nouvelle; je n'avais aucune autre chance de rentrer. Il a envoyé une lettre aux autorités canadiennes, leur disant qu'il accepterait que mes enfants rentrent au Canada à la condition qu'il revienne, lui aussi. Il m'avait souvent dit: tu ne sortiras jamais d'Arabie saoudite avec tes enfants si tu ne me permets pas d'avoir le visa», a raconté Nathalie Morin, jointe en Arabie saoudite par La Presse.

Pas de passeport saoudien pour les enfants

Or, pour rentrer au Canada, les parents doivent obtenir un passeport saoudien pour leurs enfants. Dans ce pays, explique Mme Morin, même ceux qui ont une autre citoyenneté sont obligés d'utiliser leur passeport saoudien pour quitter le territoire.

Ces trois passeports leur auraient été refusés par le gouvernement. «On ne veut pas nous dire pourquoi. Au Moyen-Orient, normalement, quand le père accepte que les enfants sortent du pays, ils peuvent sortir», déplore Mme Morin, qui dit être depuis en contact régulier avec l'ambassade du Canada à Riyad en vue d'obtenir de l'aide pour dénouer l'impasse et convaincre les Saoudiens de délivrer ces passeports.

«Je veux rentrer à Montréal et refaire ma vie avec eux», clame-t-elle.

Un porte-parole de l'ambassade d'Arabie saoudite à Ottawa a refusé de confirmer les dires de Nathalie Morin et nous a dirigés vers ses homologues canadiens à Riyad. «Ils vous raconteront toute l'histoire», a-t-il indiqué.

Mais au ministère des Affaires étrangères du Canada, Aliya Mawani confirme que l'ambassade continue d'intervenir auprès du gouvernement saoudien «tout en respectant le cadre juridique», et que «le Ministère [canadien] peut attester de la coopération de l'Arabie saoudite dans l'assistance à la famille de Mme Morin dans la situation actuelle».