Dans le flot de réfugiés qui fuyaient l’Ukraine, au tout début de l’invasion russe, c’était ce qui frappait en premier : la foule qui s’étirait jusqu’au poste-frontière polonais était presque entièrement composée de femmes et d’enfants. Les hommes, eux, n’avaient pu faire autrement que de rester derrière, pour défendre le pays.

L’autre chose qui frappait, c’était le nombre de… chiens et de chats dans la foule.

  • Un garçon tient un chat à bord d’un traversier pendant l’évacuation des habitants de Kherson, le 31 octobre 2022.

    PHOTO ALEXANDER ERMOCHENKO, ARCHIVES REUTERS

    Un garçon tient un chat à bord d’un traversier pendant l’évacuation des habitants de Kherson, le 31 octobre 2022.

  • Une femme avec ses chiens pendant l’évacuation d’Irpin, le 31 mars 2022

    PHOTO DANIEL BEREHULAK, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

    Une femme avec ses chiens pendant l’évacuation d’Irpin, le 31 mars 2022

  • Une femme porte son chat devant des bâtiments détruits par les bombardements russes à Borodyanka, dans la région de Kyiv, le 5 avril 2022.

    PHOTO ZOHRA BENSEMRA, ARCHIVES REUTERS

    Une femme porte son chat devant des bâtiments détruits par les bombardements russes à Borodyanka, dans la région de Kyiv, le 5 avril 2022.

  • Une jeune fille tient son chien en saluant ses grands-parents d’un train d’évacuation quittant Pokrovsk, dans la région de Donetsk, le 2 août 2022.

    PHOTO DAVID GOLDMAN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

    Une jeune fille tient son chien en saluant ses grands-parents d’un train d’évacuation quittant Pokrovsk, dans la région de Donetsk, le 2 août 2022.

  • Une femme caresse son chat à l’intérieur d’une voiture de métro dans une station souterraine utilisée comme abri antibombe à Kyiv, le 8 mars 2022.

    PHOTO DIMITAR DILKOFF, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

    Une femme caresse son chat à l’intérieur d’une voiture de métro dans une station souterraine utilisée comme abri antibombe à Kyiv, le 8 mars 2022.

  • Yuliia Zaika, une fillette ukrainienne de 9 ans, tient son chat Marsyk devant la maison détruite de sa demi-sœur dans le village de Moshchun près de Kyiv, le 8 novembre 2022.

    PHOTO MURAD SEZER, ARCHIVES REUTERS

    Yuliia Zaika, une fillette ukrainienne de 9 ans, tient son chat Marsyk devant la maison détruite de sa demi-sœur dans le village de Moshchun près de Kyiv, le 8 novembre 2022.

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Les réfugiés hagards n’avaient que très peu de bagages. Leur vie chamboulée tenait dans une valise. Ils avaient fui en catastrophe, emportant seulement l’essentiel. Mais pas question d’abandonner le chat, dont les oreilles pointues dépassaient d’un sac à dos. Pas question de laisser le petit chien derrière. Ni le gros, d’ailleurs. Pour s’éviter quatre ou cinq jours d’attente dans la file de voitures, une femme a marché 17 kilomètres jusqu’au poste-frontière en trimballant son vieux berger allemand sur ses épaules.

Les semaines ont passé. Et peu à peu, les animaux de compagnie ont fait partie intégrante de l’imagerie du conflit en Ukraine. Du front, les reporters de guerre envoyaient des photos de civils ensanglantés, jaillissant des décombres en serrant leur chat ébouriffé. Autour de Kyiv, des banlieusards refusaient carrément d’être évacués sans leur précieux chien.

Ça peut sembler futile, comme ça, mais ces animaux représentaient une source de réconfort immense pour des hommes et des femmes qui avaient perdu tout le reste.

Il y a eu des histoires crève-cœur, comme celle d’Anastasiia Yalanskaya, 26 ans, tuée en livrant de la nourriture à un chenil de Boutcha, qui en était privé depuis des jours. Natacha Derkach, elle, a perdu la vie en tentant de sauver celle des animaux de Dnipro.

Les Ukrainiens aiment leurs animaux, parfois à en mourir.

Tout de même, beaucoup de bêtes ont dû être abandonnées en catastrophe. Souvent, quand l’occupant russe bat en retraite, les soldats ukrainiens ont l’impression de pénétrer dans des villes et des villages fantômes. Seuls les animaux errent dans les rues. Et ils sont nombreux. « En fait, il semble que moins il y a de vie humaine à un endroit, plus il y a de vie animale », a constaté le soldat Yehor Firsov dans une tribune au Washington Post.

Des animaux errants sont régulièrement adoptés par les troupes ukrainiennes. Parce qu’un chien peut sentir l’ennemi et alerter les soldats de son approche. Mais surtout, parce qu’il fait office de boule (de poils) antistress pour tous les membres de la troupe, explique le soldat Firsov.

Sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les images de chats perchés sur les épaules de soldats, ou lovés entre leurs bras, ronronnant de plaisir. Comme toute bonne vidéo de chats, celles-ci ont un fort potentiel de viralité. Pour tout dire, l’internet est désormais obsédé par les félins d’Ukraine.

  • Sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les images de chats perchés sur les épaules de soldats ou lovés entre leurs bras.

    PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @UAARMY_ANIMALS

    Sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les images de chats perchés sur les épaules de soldats ou lovés entre leurs bras.

  • Sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les images de chats perchés sur les épaules de soldats, ou lovés entre leurs bras, ronronnant de plaisir.

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    PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @UAARMY_ANIMALS

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Il y a sans doute une part de calcul, pour ne pas dire de propagande, dans la diffusion de ces images. Dès le début du conflit, l’Ukraine a été habile à humaniser ses soldats. Et quoi de mieux qu’un mignon minet pour gagner la guerre de l’information ? Les vidéos virales passent un message : les soldats sont des gens ordinaires qui se soucient du bien-être des animaux. Comme tout le monde.

C’est peut-être le contraste qui fascine autant. Au milieu de l’horreur, des maisons détruites, des villes évacuées, des vies bouleversées à jamais, les chats vivent leur vie de chat, impassibles et nonchalants. Et les Ukrainiens font tout pour que ça dure. Comme pour prouver que rien ne leur fera perdre leur humanité, pas même la guerre. Surtout pas la guerre.

Bien sûr, les animaux n’échappent pas au conflit. Des milliers sont morts depuis le 24 février. Des milliers d’autres mourront au cours de l’hiver. Beaucoup d’humains risquent de ne pas survivre, eux non plus.

C’est évidemment à eux qu’il faut penser, d’abord et avant tout. En pleine guerre, les opérations de sauvetage d’animaux menées par des organismes occidentaux semblent d’ailleurs plus ou moins déplacées. Un refuge pour animaux à la frontière polonaise, vraiment ? N’y a-t-il pas d’autres priorités ?

Remarquez, si on aide aussi leurs propriétaires, ça peut aller. Mais ce n’est pas toujours le cas. Après la prise de Kaboul par les talibans, en août 2021, l’ex-premier ministre Boris Johnson avait fait scandale en autorisant l’évacuation de chiens d’Afghanistan, alors que les humains qui avaient travaillé pour le compte des Britanniques restaient coincés là-bas…

Ça, c’était absurde et indécent. En Ukraine, au contraire, il y a quelque chose de réconfortant à voir des êtres humains persister à prendre soin de leurs animaux, malgré les bombes. Malgré tout. Quelque chose de profondément… humain.