Ils sont nombreux, les enfants, qui enverront vers les cieux leurs vœux de la fête des Pères. Nombreux les paternels éternels.

Si j’en parle, aujourd’hui, c’est à cause du mien, bien sûr, absent de ces festivités pour la 24e année, mais dont le silence est toujours aussi présent. Je t’aime, papa.

Et à cause d’un autre père que nous aimons tous, qui manquera à l’appel, pour la première fois.

Michel Côté s’est éteint le 29 mai dernier. Ça, toute la nation le sait. Il était l’incarnation du papa québécois. Le père pogné dans C.R.A.Z.Y, le père dominant dans De père en flic, le père vengeur dans Ma fille, mon ange, le père paqueté dans Broue. À tous ces modèles de pères, Michel ajoutait sa touche. Ils étaient pognés mais touchants, dominants mais touchants, vengeurs mais touchants, paquetés mais touchants. Oui, même chez le père complètement soûl de Broue, qui initie son gars aux joies de la brosse, Michel Côté parvenait à insuffler de la tendresse en tendant le sac brun à sa progéniture.

Derrière tous leurs défauts, derrière toutes leurs limites, battait le cœur d’un père aimant. Comme battent les cœurs aimants de tellement de pères.

Michel Côté, le père dans la vie, était encore plus émouvant que le père dans la vue. Il fallait le voir faire la roue comme un paon d’Alma chaque fois qu’il mentionnait ses deux gars.

Il devait être fier de son fils Maxime, quand celui-ci est venu témoigner, au nom de la famille, devant les médias, lors de la chapelle ardente. Solide, droit, sans pathos, Maxime Le Flaguais a remercié le public pour tous les messages de condoléances reçus : « Je n’ai jamais autant pleuré de ma vie. Il nous a laissés dans une tempête médiatique, certes, mais dans une tempête d’amour, aussi. »

Recevoir l’amour en héritage, ce n’est pas juste une chanson.

Puis il a dit une phrase à faire frissonner l’âme : « Il m’a appris comment mourir en fait. Mourir avec dignité, mourir fort et mourir heureux. » Un père qui montre à son fils comment mourir, c’est lui apprendre comment vivre jusqu’au bout. C’est ce qu’on appelle partir avec le sentiment du devoir accompli. Le sentiment d’avoir tout transmis.

« Il m’a appris comment mourir… »

C’est rare, une phrase aussi forte, aussi profonde, aussi pleine de sens, aussi immense, qui ne sort pas d’un livre, mais d’une rencontre de presse. Le père paon a dû étaler ses plumes.

La mort comme dernière leçon de vie.

Nos parents nous apprennent tout par l’exemple. Le moindre de leurs gestes vaut plus que la multitude de leurs mots. Heureusement parce que plusieurs générations de pères québécois n’étaient pas très jasantes. Mais très agissantes.

Jeunes papas, on vous regarde. Ceux qui peuvent changer le monde, ce sont les parents, en montrant à leurs enfants comment. Je sais, c’est énorme, mais c’est la seule façon.

Parlant d’exemple, il faut rendre hommage à la manière dont Véronique, Charles, Maxime et toute la famille Le Flaguais-Côté ont vécu le deuil de leur illustre membre. La manière dont ils l’ont fait partager au public. Généreusement, sans excès. Ouvertement, avec discrétion. Proche, avec dignité. À l’image du disparu.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Les membres de la famille Le Flaguais-Côté, durant la chapelle ardente à la mémoire de Michel Côté, le 8 juin dernier

Cette fête des Pères, cette année, c’est celle du nôtre, et c’est aussi la sienne, pour chacun de nous.

À tous les enfants à qui la présence du père manquera pour la première fois demain, parlez de lui. Dans votre tête. Dans votre cœur. À votre mère. À vos frères et à vos sœurs.

Sachez que la douleur s’adoucit avec le temps. Sans jamais disparaître. Et c’est bien ainsi. Une douce douleur. Ça nous rapproche de lui.

Chaque jour qui passe nous rapproche de nos parents évanouis.

Bon, ça n’est pas tout, ça. Il y a plein de pères toujours vivants. Des pères timides, des pères tannants, des pères sportifs, des pères gourmands, des pères BBQ, des pères véganes, des pères mono, des pères stéréo, des pères aimants, profitez-en !

Bonne fête des Pères à tous les papas ! Qu’ils soient là-haut ou ici-bas.