Bien sûr que j’ai fait comme des dizaines de milliers de personnes et que je suis allé faire « un tour de REM » le week-end dernier. Samedi, j’ai d’abord fait l’aller-retour sans me douter (zozo que je suis) qu’une fois rendu à Brossard, je ne serais pas tout seul à virer de bord. Mais bon, l’attente d’une heure valait bien cela. Dimanche, je me suis concentré sur les stations.

Nous découvrirons à la rentrée le réel impact de ce nouveau mode de transport dans notre quotidien. Mais disons que pour son ouverture officielle, le REM a pris des allures d’attraction touristique.

J’avoue que j’ai été ému de voir qu’autant de gens étaient curieux de découvrir ces trains qui défilaient sous nos yeux toutes les 15 minutes. Partout sur les visages on pouvait lire de l’étonnement, de la fierté et une satisfaction certaine. Quant aux enfants, ils étaient aux anges. Certains ont affirmé avoir aperçu des requins dans le fleuve. Rien de moins !

Voici donc en vrac quelques observations faites lors de cette inauguration historique.

Architecture

Sans être révolutionnaire, l’architecture des cinq stations est très séduisante. Tout est lumineux et spacieux. La présence du bois au plafond se marie très bien au verre et aux poutres d’acier. Tout est pratique. On sent que ce réseau est vraiment de son temps.

Calme et volupté

On a beaucoup parlé du bruit engendré par le passage des trains. À l’intérieur des wagons, tout est calme et volupté… ou presque. On retrouve un bel équilibre entre les places assises et debout. Un mot sur la climatisation : enfin un transport collectif qui offre un vrai confort à cet égard !

Sans arrêt

Sur le pont Samuel-De Champlain, je me suis surpris à attendre que le train ralentisse ou s’immobilise à cause des bouchons. Bien sûr qu’il a filé à toute allure sans s’arrêter. Ça en dit long sur nos habitudes avec la voiture. Parlant de véhicules, quel plaisir de les dépasser pendant qu’ils font du surplace. Des wagons, certains passagers saluaient gentiment de la main les automobilistes.

Caténaires

J’ai sans doute été l’un des premiers à critiquer l’apparence du système de caténaires lorsqu’il a commencé à prendre forme. À moins d’être à la tête du train, on ne les voit pas. C’est une très bonne chose !

La meilleure place

Les deux endroits pour avoir la meilleure vue sur le paysage urbain sont évidemment la tête et la queue du train. Les plus futés l’ont compris rapidement, ce qui fait que samedi et dimanche, c’était difficile d’y trouver une place.

Le plus beau point de vue

Quand je dis que le REM est aussi une attraction touristique, c’est qu’il offre des points de vue différents. Le plus beau est celui qui sépare les stations Panama et Île-des-Sœurs, c’est-à-dire tout au long du pont Samuel-De Champlain. Comme on est légèrement plus élevé qu’en voiture, le paysage est plus complet. On a même droit à une perspective rare des piliers du pont.

Le point de vue le plus moche

Tout n’est pas que beauté lors de ce parcours. Le décor entre les stations Île-des-Sœurs et Gare Centrale est franchement hideux. On traverse les vestiges du pont enjambant un bras du fleuve à la hauteur de Pointe-Saint-Charles, l’arrière des studios MELS, les immenses parcs de stationnement du CN, de Postes Canada et de Costco, des bâtiments couverts de tags, un enchevêtrement de rails et d’autres laideurs. J’espère que Valérie Plante a bien remarqué cela lors de sa visite vendredi dernier. Il y a un énorme travail à faire de ce côté.

Stationnement

Le terrain de stationnement de Brossard est immense et bien structuré. On a même pensé à créer une soixantaine de places pour recharger les voitures électriques. Bravo !

Indicatifs

Les indicatifs musicaux annonçant l’ouverture et la fermeture des portes sont absolument charmants et apaisants. Jean-Michel Jarre ne détesterait pas ça.

Organisation

L’organisation de ces deux journées d’ouverture était sans faille. On avait pris soin de ne pas surcharger les wagons aux deux extrémités du circuit (Gare Centrale et Brossard) pour permettre aux gens des trois autres stations de monter à bord. Partout, il y avait des préposés sympathiques qui nous accueillaient et estampillaient les passeports des premiers usagers (clin d’œil sympathique à Expo 67). J’ai remarqué que beaucoup de gens achetaient leurs titres pour les semaines à venir.

Ajustements

Bien sûr qu’il y aura plein d’ajustements à faire au cours des prochains mois. La réorganisation des circuits d’autobus va déclencher une vague de critiques. « C’était plus simple avant », allons-nous entendre. Il y a aussi certains détails techniques en suspens. Comment expliquer que les usagers qui sortent de la station Île-des-Sœurs (côté sud) doivent faire un long détour à pied en empruntant le boulevard René-Lévesque alors qu’un passage menant directement sur la place du Commerce devait être créé ?

Vivement la prochaine étape

Le hasard fait qu’au moment où la première phase du REM voit le jour, le train léger d’Ottawa connaît de graves difficultés (une anomalie sur l’un des véhicules a forcé un arrêt préventif afin d’effectuer des inspections plus poussées). Souhaitons ardemment que le REM ne connaisse pas le même sort. Samedi et dimanche, il y avait beaucoup de fierté dans l’air. Nous en avons besoin ! Vivement le lancement de la deuxième phase, qui nous fera vraiment voir le rôle de ce projet titanesque dans nos vies.