Premier match de Messi avec l’Inter Miami. Il entre dans l’action à la 53e minute. Durant les arrêts de jeu, il obtient un coup franc. Tir parfait dans la lucarne à gauche. Le gardien du club mexicain n’y peut rien. La foule exulte. L’Argentin adoré se met à courir, entouré de ses coéquipiers, il enlace Martínez, puis saisit McVey par le cou. C’est le but de la victoire. Messi a réussi sa mession !

Deuxième match de Messi avec l’Inter Miami. Le numéro 10 reçoit une passe parfaite de Sergio Busquets, s’échappe devant le cerbère de l’Atlanta United et touche le poteau. Pas grave. Il frappe le ballon à nouveau, qui pénètre dans le filet vide. Gooaaaaal ! Messi court vers les spectateurs, bondit de joie, puis se retourne vers ses coéquipiers qui le rejoignent. Il ouvre grand les bras et les regarde fièrement.

Quelques minutes plus tard, les brigades roses foncent vers le but adverse. Taylor dirige une passe dans la zone payante, avant de glisser au sol. Messi s’en empare et cogne le ballon dans le but ! 2 à 0, Miami ! Immédiatement, Messi pointe Taylor au sol et l’aide à se relever, tout en le félicitant.

Troisième match de Messi avec l’Inter Miami. Taylor approche la surface de réparation, fait un léger crochet, pousse le ballon vers Messi qui le fait dévier avec son torse, puis le tape du pied dans le filet d’Orlando. 1 à 0 ! Messi pointe ses coéquipiers, les attend les bras grand ouverts, et c’est la méga-accolade dans un gros paquet d’amour. Leo félicitant chacun d’eux, les uns après les autres.

À la deuxième mi-temps, Martínez, bien placé, remet le ballon à Messi qui décoche un tir, le long du poteau droit. Et c’est le but ! Messi se dirige immédiatement vers Martínez et saute dans ses bras, comme si c’était ce dernier qui venait de marquer.

C’est le bonheur total. Miami n’a jamais autant joui depuis Rémy Girard dans La Florida ! C’est la Messimania !

Le meilleur joueur au monde a livré la marchandise, soit jouer comme le meilleur joueur au monde. Et donner à la MLS ses lettres de noblesse.

Savez-vous ce qu’il y a de plus beau dans les cinq buts de Messi en trois matchs avec l’Inter Miami ? Ce n’est pas sa façon de les marquer, bien qu’elle soit sublime, c’est sa façon de les célébrer, qui est divine.

Messi aurait pu faire comme le font la plupart des champions de foot quand ils viennent de scorer. Partir à courir vers la caméra, ignorer les coéquipiers qui tentent de l’attraper, se taper le poitrail à la Tarzan, en hurlant sa domination. Glisser vers l’objectif et occuper tout l’écran. Faire un one-man show de son but.

C’est la même chose au hockey. Les compteurs se détachent du groupe pour vivre le moment, comme s’ils étaient les seuls artisans de leur exploit. Ça m’enrage à tout coup. Ça m’éteint. Ça m’annule leur but. Calmos, le héros ! T’es pas tout seul, mon beau ! C’est un sport d’équipe, ton truc. Et chaque instant de l’épopée se vit en équipe. Pas en solo. Pas en lutteur de la WWE.

Je m’ennuie de Jean Béliveau qui, après ses magnifiques buts, s’empressait d’aller féliciter Yvan Cournoyer ou Gilles Tremblay. Messi est de cette trempe. De cette classe. Pourtant, si quelqu’un pourrait se la jouer ego trip, c’est bien lui. Se la jouer selfie, ce serait de son temps. Après tout, il est le Sauveur, rien de moins. Toute la pression est sur ses épaules. Il pourrait s’en libérer, après chaque but, dans une manifestation emballée de sa supériorité. Exigez l’ovation. Imposez l’admiration.

Messi est plus grand que ça. L’attention, il l’a déjà. La lumière, il la partage. Il sait très bien que plus sa gloire rejaillira sur ses complices, plus ses complices l’aideront à l’atteindre.

Il y a pire qu’un mauvais perdant, il y a un mauvais gagnant. Un gagnant qui se croit meilleur que les autres, alors qu’on ne peut être le meilleur qu’avec les autres.

Messi est un bon gagnant.

J’espère que tous les jeunes joueurs de soccer qui se prennent pour Messi, dans leur cour ou au parc, ont bien remarqué sa façon de réagir après avoir compté. Son empressement à remercier ceux qui ont orchestré le jeu. Son plaisir à encourager tous ses coéquipiers. J’espère que la prochaine génération de marqueurs, tous sports d’équipe confondus, sera moins tournée vers elle-même. Qu’elle aura appris à gagner. Jusqu’au bout de la victoire.

Une chose est sûre, Messi m’a gagné. J’ai hâte au prochain match de l’Inter Miami. Pas juste pour le voir compter un but. Surtout pour constater qu’on peut compter sur lui. Avant, pendant et après ses buts.