Au moment où au moins cinq personnes ont perdu la vie sur les routes du Québec durant le dernier week-end des vacances de la construction, les autorités appellent à la vigilance près des chantiers pour protéger les travailleurs, en premier lieu les signaleurs routiers.

« Le retour des vacances de la construction constitue un moment opportun pour rappeler de ne pas baisser la garde face aux risques présents sur les chantiers. Un accident du travail peut arriver rapidement et entraîner des conséquences importantes », a souligné lundi la PDG de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), Manuelle Oudar.

Selon les chiffres de son groupe, 215 « lésions professionnelles » ont été recensées l’an dernier chez les signaleurs routiers, soit une hausse marquée d’environ 258 % par rapport à 2017. Selon la Commission, « plusieurs accidents » peuvent être attribués « à des comportements imprudents et agressifs de la part des automobilistes ».

En 2021, 161 travailleurs avaient été blessés, contre 104 travailleurs en 2020, 80 en 2019, 75 en 2018 et une soixantaine en 2017. En 2016, 47 accidents étaient survenus. Bref, la tendance à la hausse est claire.

Reste que les employeurs et les travailleurs peuvent aussi faire leur part, poursuit la CNESST. Au maître d’œuvre d’un chantier, on recommande d’éviter l’exposition des travailleurs « à la circulation routière ou à de la coactivité avec des véhicules de chantiers », tandis que les employés, eux, sont invités à respecter le Code de la sécurité routière en tout temps sans se mettre en danger.

Aux dires de la CNESST, plusieurs facteurs sont responsables des accidents près des chantiers, dont « une mauvaise signalisation, la proximité des travailleurs avec la voie ouverte à la circulation, l’intrusion des usagers de la route dans l’aire de travail et les manœuvres de recul ». Les « dangers récurrents », dont les chutes de plus de trois mètres et les échafaudages, sont aussi à considérer. Tout cela touche autant les signaleurs routiers que les installateurs ou les contremaîtres, notamment.

Déjà, un sombre portrait

Le tout survient alors que selon de récentes données de la Sûreté du Québec (SQ), au moins cinq personnes ont perdu la vie sur les routes de la province au courant du dernier week-end des vacances de la construction, ce qui clôt une période pour le moins sombre en la matière.

Déjà, le corps policier provincial avait lancé un avertissement lundi dernier tandis que la première semaine s’était conclue par un bilan pire que celui des quatre années précédentes. On enregistrait alors 11 collisions mortelles lors desquelles 15 personnes avaient perdu la vie.

Un bilan complet des accidents mortels survenus durant les vacances de la construction est prévu ce mardi, mais plus d’une vingtaine de personnes seraient mortes sur les routes du Québec lors de la période des vacances de la construction, qui se concluait dimanche soir.

Les constats d’infraction sont très salés en zone de chantiers. En fait, ils doublent pour la plupart. Ainsi, si vous roulez à 90 km/h dans une zone de 70 km/h, par exemple, vous ne paierez pas 55 $, mais bien 110 $. Dans ce même scénario, à 100 km/h en zone de travaux, il vous en coûtera 210 $ et à 115 km/h, 390 $.

« Malheureusement, il se produit encore trop d’accidents sur les chantiers de construction, un secteur clé de l’économie québécoise. Devant ce phénomène, il est primordial d’appliquer rigoureusement les mesures de prévention », a soulevé lundi le ministre du Travail, Jean Boulet.

Il affirme que les discussions pour moderniser l’industrie de la construction, afin de revoir entre autres la loi R-20 qui régit près de 60 % des travaux de construction, « se poursuivent » avec les parties patronales et syndicales pour faire adopter une loi prochainement. « Nous voulons ce qu’il y a de mieux pour les milieux de travail de ce secteur », a conclu M. Boulet.

Avec Vincent Larin, La Presse