« Je veux être clair : on va élargir le passeport vaccinal à trois doses », a annoncé jeudi le ministre Christian Dubé. À quel moment cette mesure entrera-t-elle en vigueur ? Que doivent faire les personnes qui ont contracté le virus avant de recevoir leur troisième dose ? Le point sur cette nouvelle mesure.

À quel moment les trois doses de vaccin seront-elles obligatoires pour avoir un passeport valide ?

En conférence de presse jeudi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé clairement son intention de rendre la troisième dose obligatoire pour obtenir un passeport vaccinal. « Je veux être clair : on va élargir le passeport vaccinal à trois doses », a dit le ministre. Cette modification entrera en vigueur « au cours des prochains mois ». « On n’a pas encore déterminé la date, parce qu’on ne peut pas demander aux gens de répondre à une exigence si on ne leur a pas donné la chance d’être vaccinés », a ajouté le ministre. Cette chance devrait se présenter « durant les mois de janvier et février », a-t-il indiqué. « Je ne veux pas que les gens s’inquiètent : on n’imposera pas la troisième dose pour le passeport tant que tout le monde n’aura pas eu le temps de se faire vacciner. » Des discussions à ce sujet ont lieu avec la direction de la Santé publique pour déterminer le moment où cette exigence entrera en vigueur, a dit M. Dubé.

Un peu partout dans le monde, la définition de personne « adéquatement vaccinée » commence à se conjuguer avec la troisième dose. En France, la validité du « passe sanitaire activités » pour les adultes sera liée à la troisième dose le 15 janvier. Au Canada, la cheffe de la Santé publique, Theresa Tam, a indiqué que cette définition serait revue lorsque la campagne de vaccination serait plus avancée. Aux États-Unis, où la campagne pour la dose de rappel (booster) est en marche depuis l’automne, la Maison-Blanche a indiqué que le pays n’envisageait pas pour le moment d’exiger que les visiteurs qui souhaitent franchir ses frontières aient reçu une troisième dose.

Est-ce qu’une infection qui survient après deux doses sera considérée comme une « troisième dose » aux fins du passeport vaccinal ?

C’est le moment où la science se heurte à la bureaucratie… D’un point de vue scientifique, une infection constitue une « stimulation » du système immunitaire, comme une dose de vaccin. Des études ont montré l’an dernier que les personnes qui avaient eu la COVID-19 avant d’être vaccinées étaient aussi bien protégées après une seule dose que celles qui avaient reçu deux doses de vaccin sans avoir eu la maladie. C’est pourquoi au Québec (comme en France d’ailleurs), une personne est considérée comme adéquatement protégée si la première dose est reçue 21 jours après avoir eu la COVID-19. Les personnes qui le souhaitent peuvent quand même recevoir une deuxième dose.

Qu’en est-il si l’infection survient après la première dose ? Elle compte aussi certainement pour une « stimulation » et procure une excellente protection immunitaire. Mais en l’absence de données détaillées (et aussi pour simplifier la démarche administrative), la recommandation officielle est de recevoir la deuxième dose. Ainsi, le passeport vaccinal québécois ne tient compte que des infections survenues avant la première dose.

Donc, est-ce qu’une infection survenue après deux doses de vaccin sera reconnue pour le passeport vaccinal « à trois doses » ? Probablement pas. Mais cela fait partie des questions auxquelles le ministère de la Santé devra répondre avant de modifier les exigences du passeport vaccinal.

J’ai eu la COVID-19 après ma deuxième dose de vaccin. Combien de temps dois-je attendre avant de recevoir ma troisième dose ?

Encore ici, science et bureaucratie se confrontent. Selon le dernier avis publié par le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ), « la vaccination des personnes déjà infectées augmente la protection acquise par l’infection, mais le bénéfice en termes absolus est modeste ». « Il apparaît dès lors qu’une dose de rappel chez une personne ayant déjà reçu deux doses de vaccin et ayant fait une infection confirmée est peu utile », écrit le CIQ.

Peu utile pour la science, mais incontournable pour la bureaucratie, semble-t-il. C’est pourquoi le CIQ n’interdit pas d’administrer une troisième dose aux personnes qui en font la demande. Il suggère cependant d’attendre trois mois après l’infection avant de recevoir cette dose, ou au minimum huit semaines, puisque le système immunitaire, déjà plein d’anticorps après avoir vaincu une infection, n’a pas besoin d’être stimulé inutilement avant un bout de temps.

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Le ministère de la Santé compte mettre en ligne une « plateforme d’autodéclaration », où inscrire un résultat de test rapide positif. À quoi servira cette démarche ?

Plusieurs lecteurs se demandent s’ils doivent faire inscrire « quelque part » le fait qu’ils ont eu un résultat positif à un test rapide. Ou alors, ils s’inquiètent de ne pas avoir pu se faire tester en raison des restrictions. Jeudi, le ministre Christian Dubé a indiqué que son ministère allait lancer « dans les prochaines semaines » une « plateforme d’autodéclaration ». « Elle permettra d’enregistrer soi-même le résultat d’un test positif », a dit le ministre. La compilation des données recueillies par cette plateforme avec celles des tests de dépistage PCR « devrait nous donner un bon indicateur » du nombre de cas en cours, a indiqué M. Dubé. Mais d’après le peu d’informations fournies par le ministère de la Santé jusqu’ici, cette démarche servira surtout à suivre la progression de la pandémie – elle n’a pas nécessairement pour but d’inscrire « officiellement » l’infection au dossier d’un patient, et encore moins d’avoir une incidence sur la validité de son passeport vaccinal. Bref, peu importe si une infection au virus est confirmée par un test ou déclarée à la Santé publique, il faudra vraisemblablement recevoir une troisième dose pour tenir son passeport vaccinal à jour.

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