(Ottawa) La recrudescence des cas de COVID-19 se fait sentir au moment où les provinces abandonnent leurs mesures sanitaires. La hausse quotidienne du nombre moyen de cas atteint 34 % depuis le 30 mars, selon la Santé publique fédérale, qui hésite toutefois à parler de sixième vague à l’échelle du pays.

Cette augmentation se fait surtout sentir au Québec et en Ontario, les deux provinces les plus populeuses, a précisé le DHoward Njoo, sous-administrateur en chef de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), lors d’une mise à jour vendredi.

« On voit les signaux d’une recrudescence dans les deux provinces les plus grandes au pays et aussi dans les provinces de l’Atlantique », a-t-il précisé.

Depuis un mois, l’Ontario a levé l’exigence du passeport vaccinal de même que la limite de capacité des commerces et des rassemblements privés. Le port du masque n’est plus obligatoire dans la plupart des lieux publics depuis le 21 mars.

Le Québec a également mis fin à l’exigence du passeport vaccinal pour fréquenter les restaurants, cinémas et salles de spectacles le 12 mars. Le port du masque dans les lieux publics est toujours requis pour l’instant, mais le directeur national de santé publique, Luc Boileau, envisageait de lever l’obligation à compter du 15 avril.

« La hausse de l’activité du virus était attendue parce que chaque fois que nous assouplissons les mesures sanitaires et que nous augmentons les activités en personne, il y a plus de contacts et le nombre de cas augmente », a indiqué l’administratrice en chef de l’ASPC, Theresa Tam.

D’autant plus que le nouveau variant BA.2 se transmet plus rapidement que le variant Omicron, à l’origine de la cinquième vague de COVID-19 durant la période des Fêtes. La Santé publique fédérale s’attend à ce qu’il se propage rapidement dans les régions du pays où Omicron avait frappé moins fort et où l’administration d’une troisième dose de vaccin est faible.

Dépistage parcellaire

Le nombre de cas dans l’ensemble du pays a atteint 6828 vendredi. Ces données sont toutefois moins représentatives puisque le dépistage à l’aide des tests moléculaires (PCR) n’est plus offert systématiquement, notamment au Québec. Et le résultat des tests rapides n’est pas toujours pris en compte dans les statistiques de chacune des provinces.

« Nous sommes à environ 40 000 tests quotidiens en moyenne, a indiqué la Dre Tam. Je ne peux pas dire si c’est trop ou pas assez, mais il faut que ça soit suffisant pour que l’on puisse surveiller la tendance. » À titre de comparaison, 150 000 tests quotidiens étaient effectués durant la cinquième vague malgré la pression sur le système de santé.

Elle a encouragé les provinces et les territoires à continuer d’offrir des tests de dépistage moléculaire. « Je sais que c’était difficile de l’offrir au plus fort de la vague Omicron, mais je pense que les gouvernements sont en train de s’ajuster à ce qui est un bon échantillon et une bonne distribution pour dégager une tendance. »

« Les autres systèmes de surveillance comme la surveillance des eaux usées sont un bon indicateur précoce de ce qui peut se passer dans quelques communautés, mais ça ne peut pas remplacer les tests moléculaires, a ajouté le DNjoo. Donc, c’est toujours important de garder cette capacité.

Vagues intermittentes

La Santé publique fédérale s’attend à une « transmission continue faible à modérée » de la COVID-19 au Canada, avec des vagues intermittentes au gré de l’apparition de nouveaux variants ou de la diminution de l’immunité conférée par les vaccins.

Les répercussions sur les soins hospitaliers devraient être plus prévisibles et plus faciles à gérer sauf si une hausse marquée des cas de COVID-19 coïncidait avec une épidémie de grippe l’automne ou l’hiver prochain.

Les responsables de la Santé publique se préparent aussi pour un scénario pessimiste advenant l’arrivée d’un autre variant causant davantage de cas graves de la maladie. Cela pourrait « mettre à rude épreuve » le système de santé et nécessiter le retour de mesures sanitaires plus contraignantes.

Le risque d’hospitalisation demeure plus faible pour les personnes vaccinées, selon les données compilées de la mi-février à la mi-mars. Il était dix fois moins élevé pour les personnes ayant reçu une troisième dose de vaccin contre la COVID-19. Moins de la moitié de la population canadienne, soit 47 %, a obtenu cette dose de rappel.