Un peu avant cinq heures du matin, dans la crypte de l'oratoire Saint-Joseph où était retransmise la messe en direct du Vatican, les gens se sont levés d'un trait quand Benoît XVI a officialisé la canonisation du frère André.

Enfin, ceux qui n'étaient pas déjà debout. Car bien qu'il faisait encore nuit, le frère André a continué, dimanche, d'attirer les foules. Ils ont été des milliers, dans la nuit, puis durant toute la journée, à aller faire leur tour à l'oratoire. Quelques-uns avait apporté leur couverture, plusieurs autres, cellulaires et caméras. Pour prendre une photo du «moment», une photo d'eux à côté du coeur du frère André,  une photo d'eux à côté de la première petite chapelle. Ou alors, comme Mélanie, une photo à côté de la statue du premier saint masculin du Québec.

«Je suis d'origine belge et je me souviens, en 1972, j'avais pris une photo juste là, avec ma mère qui était venue de Belgique! Déjà, à l'époque, elle me disait que le frère André, c'était son saint. Alors aujourd'hui, je prends des photos et je les envoie tout de suite après à ma famille restée en Europe.»

«J'étais tout petit que déjà ma mère m'emmenait à l'Oratoire avec elle. Depuis ce temps-là, j'invoque le frère André tous les jours», Yves Lamouche.

Comme à l'époque où il recevait jusqu'à 40 personnes à l'heure dans son petit bureau, nombreux étaient ceux qui arrivaient à l'Oratoire, dimanche, pour se faire bénir - il y avait foule au petit bureau des bénédictions! - ou alors pour demander une faveur toute personnelle.

«Bon Frère André, aide-nous à retrouver l'amour à la maison. Aide mes parents à s'aimer. Qu'ils arrêtent de se chicaner. Aide mes parents à payer leurs dettes pour que tout soit meilleur. Bisous», pouvait-on lire sur l'une des feuilles déposées à la vue de tous, près du tombeau du frère André.

Clément Kabran, originaire de la Côte d'Ivoire, se souvient lui aussi d'avoir déjà demandé l'intercession du frère André pour régler des histoires de famille. «À l'époque, je sortais avec une Québécoise. Ça n'allait pas. Alors, j'ai demandé au frère André de nous séparer dans la paix.»

Et ça a marché? «Et comment! Je me suis séparé dans la paix, puis, j'ai rencontré mon épouse, que vous voyez là»

Il était tard - ou très tôt, c'est selon! - et  l'épouse s'était assise par terre, rigolant sous les béquilles des miraculés et dans la chaleur des lampions en écoutant son mari raconter sa vie mise sous l'égide du frère André.

Dans la crypte, dès que le nom du frère André était prononcé au Vatican, ça applaudissait de plus belle alors que l'événement faisait ressurgir beaucoup de vieux souvenirs. «J'avais onze ans aux funérailles du frère André.  Ma mère n'avait pas le temps de m'accompagner, elle avait tellement d'enfants, alors j'étais venue avec une cousine», évoque Yvette Pratte qui faisait observer que si les églises sont vides, aujourd'hui, les croyants demeurent, eux, manifestemnt nombreux.

À 11 heures, deux messes se déroulaient simultanément à l'Oratoire : l'une, en anglais, dans la crypte, l'autre, en français, dans la basilique. Dans les deux cas, ces célébrations faisaient salle comble.

«En cette journée mondiale pour l'élimination de la pauvreté et de la misère, on peut dire que le frère André a fait sa part pour soulager la souffrance de milliers de gens à son époque», a souligné dans son homélie le père Jean-Guy Vincent.

«Je ne suis pas étonné de voir autant de monde aujourd'hui, a dit pour sa part le père Pierre Dufour, vice-recteur de l'Oratoire. Le frère André est apprécié au-delà de tout ce que l'on peut imaginer.»

«Aujourd'hui, le ciel est ouvert et on a beaucoup de choses à Lui demander, a lancé Georgette El Ghazal. En cette grande journée, je tiens à offrir mes félicitations aux peuple québécois!»