Des dizaines de milliers de personnes se sont réunies au Stade olympique de Montréal samedi après-midi pour assister à une grande messe célébrée en l'honneur de la canonisation du frère André, qui a eu lieu à Rome le 17 octobre dernier.

«Il convient que nous nous rassemblions aujourd'hui dans ce temple du sport pour souligner la médaille olympique de la canonisation conférée au frère André», a déclaré le cardinal Jean-Claude Turcotte qui présidait la cérémonie.

Les premiers ministres du Canada et du Québec, Stephen Harper et Jean Charest, ainsi que le maire de Montréal, Gérald Tremblay, étaient sur place. Cinquante-huit évêques du Canada et de l'étranger ont également assisté à l'événement, qui était retransmis en direct à la télévision.

«L'Église a joué un rôle très important dans le développement du Québec. Et ça n'a pas été oublié», a déclaré le premier ministre du Québec, Jean Charest. «Nous sommes un peuple qui se bat et qui a toujours reconnu les hommes et les femmes qui se battent. Le frère André en fait partie», a-t-il ajouté.

Stephen Harper, qui n'a pas accepté la communion en raison de son appartenance à l'Alliance chrétienne et missionnaire, une organisation religieuse chrétienne protestante d'orientation évangélique, a lui aussi rendu hommage au frère André. «C'était un homme simple qui avait un rêve, a-t-il dit en référence à la construction de l'oratoire Saint-Joseph. Il est un exemple que par la foi, on peut déplacer des montagnes.»

En ouverture de la cérémonie, Chantal Pary a interprété Le miracle sur la montagne, une chanson composée et écrite à l'occasion de la béatification de frère André, en 1982, et qu'elle-même avait interprétée au Stade lors d'un événement similaire à celui d'aujourd'hui. Elle était accompagnée du violoniste montréalais Alexandre Da Costa et de la chorale des Petits Chanteurs du Mont-Royal.

Le parterre a été réservé aux jeunes et aux personnes handicapées, deux groupes qui étaient chers au frère André. Des membres de ces groupes faisaient d'ailleurs partie de la longue procession d'entrée.

Homélie du cardinal Turcotte

Dans son homélie, livrée en français et en anglais, et interrompue à plusieurs reprises par les applaudissements de la foule, le cardinal Turcotte a évoqué la grande capacité d'écoute et la compassion du frère André. «Il a laissé tous les malheureux - riches ou pauvres - s'approcher de lui, a-t-il rappelé. Très souvent, il est allé vers ceux qui ne pouvaient pas venir vers lui. Presque chaque jour, à son bureau, durant des heures et des heures, il tendait l'oreille.»

Le cardinal a souligné l'importance du frère André au Québec. «Ce n'est pas un petit saint qui vient d'être canonisé, mais un grand, un très grand. Ce très grand saint est de chez nous. Rare sont ceux qui n'ont pas entendu parler du frère André. Même si on ne l'a pas connu, il n'en reste pas moins qu'il fait partie de notre héritage.» Il a terminé son homélie en lançant un appel au frère André: «Nous t'en prions, tiens ta promesse. Prie pour nous.»

Divers objets symboliques, dont une valise ayant appartenu au frère André, de l'huile de Saint-Joseph et des béquilles, ont ensuite été présentés en guise de dons.

Accueillir autant de personnes au Stade olympique pour la célébration d'une messe représentait un grand défi logistique. Cinq cents ministres de communion ont ainsi été recrutés pour donner l'eucharistie en un temps record de 15 minutes.

Plusieurs personnes rencontrées sur les lieux ont tenu à rappeler l'importance de se réunir pour rendre hommage au frère André, le premier saint né au Québec. «Mes parents parlaient beaucoup du frère André, a partagé le prêtre Marco Magella, venu avec 30 de ses paroissiens de Saint-Ferdinand-de-Thetford pour assister à la cérémonie. C'est l'occasion de rendre hommage à la foi de mes parents.»

«Je suis ici pour obtenir des grâces», a souligné Monique Fontaine de Saint-Jean-sur-Richelieu. «C'est un moment historique et ça se passe dans notre ville», a quand à elle déclaré Johanne Chauvette de Longueuil.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a par ailleurs réitéré la volonté de la Ville de nommer un endroit en l'honneur du frère André. Lequel? Aucune décision n'a été prise. «Il y a plusieurs lieux qui pourraient être choisis, a indiqué M. Tremblay. Nous voulons prendre notre temps pour identifier le bon endroit qui sera représentatif de la contribution exceptionnelle du saint frère André.»

Photo: David Boily, La Presse