Pauline Marois s'est portée mardi à la défense de Marc Bellemare, piégé, selon elle, par une commission d'enquête au service de Jean Charest.

Pour la chef du Parti québécois, la commission Bastarache sur le processus de nomination des juges est manifestement déséquilibrée, avec trois avocats au service d'une même cause qui s'acharnent sur un seul homme, Marc Bellemare.

Depuis le début des audiences, les interventions des procureurs du gouvernement, du Parti libéral du Québec (PLQ) et du premier ministre donnent l'impression que «toute la commission est au service de Jean Charest», a estimé Mme Marois, en entrevue à La Presse Canadienne.

«Il y a un déséquilibre évident dans l'attaque menée vis-à-vis une des personnes en cause, même si c'est elle, Marc Bellemare, qui est au coeur du débat. Entre vous et moi, quand trois avocats font front et que l'autre est seul au front, ça ne m'apparaît pas équitable», a-t-elle fait valoir.

La leader du PQ est loin d'être convaincue par les témoignages entendus jusqu'ici et qui contredisent point par point les allégations de l'ancien ministre de la Justice sur l'influence présumée exercée par des collecteurs de fonds pour la nomination des juges.

Elle cite en exemple les témoignages livrés lundi par l'ex-attaché de presse Jacques Tétreault et l'ex-chef de cabinet Michel Gagnon contre leur ancien patron.

Les deux dépositions, a fait remarquer Mme Marois, comportaient d'étranges similitudes, laissant planer un doute quant à leur spontanéité.

«Évidemment, on ne peut pas accuser personne de se parjurer, on doit prendre la parole des gens, mais les témoignages se ressemblaient beaucoup chez les deux personnes d'hier (lundi). Les mêmes mots», a-t-elle analysé.

Ces deux témoins, qui doivent leur cheminement de carrière au premier ministre Jean Charest, avaient peut-être tout intérêt à ne pas déplaire au chef du gouvernement, selon Mme Marois.

«Pensez-vous qu'ils vont aller témoigner contre M. Charest qui est au gouvernement à l'heure actuelle? Bon, alors moi, je trouve que ça fait drôle», a-t-elle soulevé.

La chef de l'opposition considère que l'ancien ministre de la Justice s'est finalement laissé «piéger» dans ce qu'il qualifiait lui-même de «piège à cons» il y a quelques mois.

«C'est sûr que moi je ne peux employer ces mots-là», a-t-elle laissé tomber en riant.

«On a senti qu'il s'est dit: si je résiste et que je ne témoigne pas, je risque d'être blâmé, alors j'y vais. Les gens ont dit: il est entré dans le piège mais il n'avait pas le choix. De fait, c'était piégeant pour lui et ça continue de l'être actuellement», a ajouté Mme Marois.

L'opposition péquiste a tenté en vain d'obtenir un statut de participant à la commission qui lui aurait permis de contre-interroger les témoins.

Tenu à l'écart des travaux, le PQ soutient que la commission accuse un déficit de crédibilité, notamment parce que son président Michel Bastarache a été désigné par Jean Charest, qui figure au coeur des allégations de Marc Bellemare.

M. Charest a aussi intenté, à titre personnel, une poursuite en diffamation contre M. Bellemare, témoin principal de la commission.