Le ton a monté de nouveau jeudi à la commission Bastarache quand l'avocat de Marc Bellemare, Me Jean François Bertrand, a passé au peigne fin le témoignage de l'homme d'affaires Franco Fava.

M. Fava soutenait être indifférent aux nominations faites par le gouvernement. Or, a fait valoir Me Bertrand, il épluche chaque mercredi le site du premier ministre du Québec pour connaître les plus récentes nominations.

«Par curiosité... pour être informé... Vous lisez sûrement les journaux?» a soutenu M. Fava. «Ce ne serait pas aussi par souci de savoir si les amis que vous avez pistonnés ont été nommés?» a répliqué le jeune avocat.

Bastarache s'impatiente

La fin du témoignage de l'argentier libéral a plusieurs fois frôlé l'affrontement. Petit et nerveux, l'homme d'affaires s'impatientait clairement. Le commissaire Michel Bastarache aussi rongeait son frein, mais il a laissé une assez grande de marge de manoeuvre au procureur de Me Bellemare de crainte, semble-t-il, de voir son rapport contesté à cause d'un traitement inéquitable des parties.

À un moment, il est sorti de ses gonds et a signifié au jeune avocat qu'il perdait son temps à vouloir insister sur l'influence des bailleurs de fonds en politique. «J'ai bien compris tout ça, vous faites ça pour influencer le rapport, c'est inutile», a observé le commissaire, irrité de voir l'avocat contester constamment ses directives.

Impatient, M. Fava a bondi quand Me Bertrand lui a demandé d'expliquer ce qui était «des pressions». Dans le monde de la construction, «des pressions, c'est quand on tord les bras», a-t-il répliqué, ajoutant le geste à la parole.

Abordant l'influence des bailleurs de fonds au PLQ, M. Fava a reconnu: «J'aime aider mes amis, mes contacts le plus possible, j'aime avoir des amis le plus possible.» Pour les nominations, c'est autre chose toutefois.

«Vous en avez placé combien?

Je n'en ai placé aucun... je suis la courroie de transmission», a répliqué M. Fava.

Selon André Dugas, avocat du PLQ, le commissaire Bastarache devait mettre fin à cette «partie de pêche». Me Bertrand avait réclamé les registres des appels téléphoniques au cellulaire de M. Fava à l'époque. En vain, le commissaire Bastarache jugeant la demande exagérée.

En revanche, a-t-il révélé, la vérification des cellulaires du ministère de la Justice n'a pas montré que Franco Fava ait pu joindre le ministre sur son portable - ce dernier, il est vrai, préférait le téléphone fixe, selon le témoignage de Me Bellemare.

Au surplus, le bottin téléphonique de la famille Fava ne contient pas les numéros de téléphone de Marc Bellemare, Chantal Landry ou Jean Charest.

En revanche, on y retrouve ceux de Marcel Leblanc et Charles Rondeau, ainsi que celui du secrétaire général du gouvernement, Gérard Bibeau.