Les libéraux de Jean Charest sont conscients qu'ils ont une grosse côte à remonter pour regagner la confiance des Québécois. Et ils vont miser une fois de plus sur l'économie pour y arriver.

À leur entrée au caucus des députés libéraux, vendredi, les députés et ministres ont convenu que, malgré l'absolution donnée à Jean Charest par le juge Michel Bastarache cette semaine, l'humeur de la population n'était guère favorable au gouvernement.

Il faudra beaucoup de temps et des gestes concrets pour espérer rétablir un lien de confiance, ont dit en substance plusieurs d'entre eux.

Les élus libéraux, réunis pour deux jours dans un hôtel situé à Lac-Beauport, en banlieue de Québec, en vue de préparer la prochaine session parlementaire, réagissaient au plus récent sondage indiquant que la population fait de moins en moins confiance au premier ministre.

Il indique aussi que les gens font moins confiance au système judiciaire qu'avant le début de la commission Bastarache et les allégations de pressions partisanes pour nommer des juges proférées par Marc Bellemare.

Le sondage CROP, mené auprès de 405 internautes jeudi et rendu public vendredi, indique notamment que deux Québécois sur trois (68 pour cent) font moins confiance à leur premier ministre, tandis que la majorité (61 pour cent) d'entre eux ont vu décliner leur confiance envers le système judiciaire québécois.

Comme d'habitude, le premier ministre Jean Charest a refusé de commenter le sondage. À peine deux jours après le dépôt du rapport Bastarache, il a éludé les questions sur le sujet et les suites à y donner, comme si le débat était clos. «On est ailleurs, puis on regarde en avant», a-t-il dit.

Le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, a pris quant à lui avec philosophie la désaffection du public envers le gouvernement. «Le fait que les perceptions puissent prendre un certain temps à être modifiées n'est pas surprenant dans ce contexte», a-t-il dit.

De son côté, le député d'Argenteuil, David Whissell, explique ce phénomène par le fait que «les médias vont rapporter des demi-vérités qui, des fois, vont fausser l'interprétation que la population peut faire d'une situation».

Le député de Verdun, Henri-François Gautrin, a convenu que, compte tenu de l'étendue des dégâts dans l'opinion publique, la perception des électeurs «va être difficile à renverser».

Quant à savoir comment le gouvernement allait procéder pour renverser la vapeur, le député Gautrin a eu cette réponse laconique: «Je ne sais pas».

Le premier ministre a semblé plus au courant du plan de match. Il a dit miser sur la relance économique pour redonner le sourire à un électorat désenchanté.

«Le Québec s'en sort mieux que le reste de la planète», après la crise économique, s'est-il plu à rappeler, lors de la conférence de presse de clôture du caucus libéral de deux jours.

Il a répété qu'il était bien possible que la reprise des travaux parlementaires, en principe le 8 février, laisse place à une nouvelle session qui s'ouvrirait sur un discours inaugural mettant l'accent sur la relance économique.

M. Charest a dit qu'il avait gagné la dernière élection générale, en 2008, en promettant de sortir le Québec de la crise économique sans trop de dégâts. Il dit avoir livré la marchandise.