L'opposition se questionne sur l'indépendance du patron de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière. M. Lafrenière a affirmé hier qu'une commission d'enquête serait nuisible, car elle interférerait avec les enquêtes policières. «Des mauvaises langues pourraient se demander si le gouvernement n'a pas fait sortir publiquement M. Lafrenière», lance Stéphane Bergeron, porte-parole du Parti québécois en matière de sécurité publique.

Sylvie Roy, leader parlementaire de l'Action démocratique du Québec, va plus loin. Elle estime que le directeur de l'UPAC a carrément «été envoyé comme bouclier pour protéger le gouvernement Charest». «Il devrait faire des enquêtes, pas des relations publiques pour le gouvernement!» «On sait bien que M. Lafrenière était là dans le temps [du libéral] Jacques Dupuis», ajoute-t-elle. M. Lafrenière a été sous-ministre à la Sécurité publique jusqu'à sa nomination à la tête de l'UPAC, en mars dernier.

«Je m'interroge sur son indépendance, renchérit M. Bergeron. Je ne remets pas en question son expérience ou sa compétence, mais je suis extrêmement préoccupé par cette sortie.» Il estime «un peu drôle» que M. Lafrenière «sorte maintenant» pour s'inquiéter des conséquences d'une commission d'enquête publique, alors que la pression est plus forte que jamais. «On se serait attendu à ce qu'il fasse le point sur ses opérations», affirme-t-il. Il se dit aussi surpris d'apprendre que le patron de l'UPAC «vient d'entrer dans ses locaux et n'est pas vraiment opérationnel».

Françoise David, de Québec solidaire, croit également que l'intervention de M. Lafrenière «rend service à Jean Charest». Mais elle rappelle qu'elle n'est «pas dans la tête» du directeur de l'UPAC, et n'ose donc pas dire qu'il n'exprimait pas une opinion sincère. Tous les partis de l'opposition rappellent que la commission Gomery a prouvé qu'on pouvait mener parallèlement des enquêtes policières et une commission d'enquête.