La volte-face du premier ministre Jean Charest sur le pouvoir de contrainte de la future commission Charbonneau est bien accueillie par le Barreau du Québec.

Le bâtonnier Louis Masson s'est dit heureux et satisfait de la tournure des événements. Selon lui, cela dénote une «ouverture d'esprit de la part du gouvernement».

Il considère qu'il faut maintenant laisser à la juge France Charbonneau le temps de mettre en place ses propres éléments et de se trouver deux commissaires. Pour le président du Barreau du Québec, il faut par contre réaliser que son mandat ne saurait corriger tous les problèmes liés à la corruption.

Me Masson estime que si «une commission d'enquête peut jeter la lumière, aider, trouver des solutions», on ferait fausse route si on pense «cette commission va tout régler». Il souligne que les «problèmes du Québec sont multifactoriels et il faudra plusieurs modes d'intervention pour les résoudre».

Les critiques initiales formulées par le Barreau du Québec, qui avait émis de sérieux doutes sur l'efficacité d'une commission qui ne disposerait pas du pouvoir de contrainte dans son arsenal - Louis Masson, parlait alors d'une «lacune» importante - ont sans doute contribué à la volte-face du premier ministre.

Cette décision de Jean Charest ne satisfait cependant que partiellement le Parti québécois. Le député de Verchères, Stéphane Bergeron, estime qu'il faut maintenant s'assurer de modifier le décret.

M. Bergeron estime que cela «aurait dû être fait dès le départ». Il déplore que «les mesures changent et évoluent au gré des impératifs politiques du premier ministre», ajoutant que cela est «inacceptable».

La leader parlementaire de l'Action démocratique du Québec, Sylvie Roy, affirme pour sa part que ce mouvement de recul ne fait qu'illustrer «l'improvisation» du gouvernement. L'ADQ déplore aussi le déroulement à huis clos de la commission.

Les congressistes libéraux, eux, ont applaudi la décision de leur chef. En modifiant ce qui était devenu un irritant majeur pour plusieurs observateurs, M. Charest a aussi réussi à éviter la tenue d'un possible vote de confiance durant le congrès du parti.

Outre le milieu juridique, les partis d'opposition s'étaient unanimement rangés contre l'idée de laisser aux potentiels témoins le loisir de se présenter ou pas devant la commissaire.