Trois élèves du cégep Saint-Laurent ont obtenu une injonction devant la Cour supérieure aujourd'hui jeudi qui force le cégep à dispenser les cours auxquels elles sont inscrites.

Cette décision préoccupe grandement certains enseignants qui devront donner leur cours lundi prochain devant des élèves qui ont voté en majorité pour la grève pour dénoncer la hausse des droits de scolarité.

«Le climat ne sera pas serein. Cela prend des conditions pédagogiques minimales pour enseigner. Or, tout le monde est à fleur de peau en ce moment», a indiqué l'enseignante en littérature au cégep Saint-Laurent, Brigitte Faivre-Duboz, qui a assisté à la décision du juge Louis Lacoursière rendue ce matin.

«Comme enseignants, nous sommes accommodants. Le problème, c'est que le gouvernement ne l'est pas. Il s'est complètement déresponsabilisé dans cette crise», poursuit Mme Faivre-Duboz.

L'enseignante de littérature se demande pourquoi le gouvernement ne consulte pas les enseignants pour trouver des solutions au conflit. «Si tu as un problème économique, tu consultes des experts en économie. Aujourd'hui, on a un problème en éducation. Or, on ne nous écoute pas alors que ce sont nous les experts en éducation», conclut l'enseignante.

À la dernière assemblée générale des élèves du cégep Saint-Laurent, les participants se sont prononcés à 90% pour la grève générale jusqu'à ce que le gouvernement revienne au gel des droits de scolarité imposé en 2007.

De leur côté, les trois élèves qui ont obtenu l'injonction provisoire étaient satisfaites du jugement. Deux d'entre elles en sont à leur dernier trimestre en sciences de la nature. La troisième termine son DEC en sciences humaines. Toutes acceptées dans le programme de leur choix à l'université, elles craignaient ne pas pouvoir y entrer si leur trimestre était compromis.

La direction du cégep a indiqué que le trimestre devait être annulé si la grève ne prenait pas fin d'ici le 30 avril. «Si les demanderesses ne peuvent reprendre leurs cours d'ici le 30 avril, leur session sera annulée. Cela suffit pour démontrer l'urgence», a conclu le juge Lacoursière. En ce qui a trait au préjudice encouru, «la perte de la session est un préjudice irréparable», a ajouté le magistrat.  

«On est contre la hausse et au départ, on a voté pour la grève, mais à un certain point, lorsque les deux parties sont têtues, il faut faire quelque chose. On n'était plus capables de soutenir la pression», a expliqué l'une d'elles, Isabelle Combey, 19 ans.

Les jeunes femmes se doutent bien que le retour en classe sera difficile. «J'ai des amis pro-grève qui ont été choqués par notre décision. Ça va faire une division dans la classe», dit une autre des demanderesses, Marion Pepler, 18 ans.

Ce n'est pas trois, mais environ 300 élèves qui auront accès à ces cours, avec l'incertitude que ceci amènera en terme de risque de perturbation du statu quo, a fait valoir la direction du cégep au moment où la requête a été plaidée plus tôt cette semaine.

«Ça va être intenable», prédit pour sa part Maxence L. Valade, qui suit deux cours avec ces jeunes femmes. «À Saint-Laurent, les profs et les élèves ont voté unanimement contre la judiciarisation du mouvement de grève. Où étaient-elles lors de ce vote ?», se demande M. L. Valade, aussi porte-parole de l'Association des étudiants du cégep Saint-Laurent.

L'injonction interlocutoire provisoire est valide jusqu'au vendredi 4 mai. Les jeunes femmes devront revenir devant le tribunal si elles veulent obtenir une injonction permanente.