Comme Québec a rejeté leur condition pour reprendre les pourparlers, les fédérations étudiantes collégiale et universitaire, la FECQ et la FEUQ, envisagent un ultime recours: demander la nomination d'un médiateur.

Les bureaux de direction des deux associations se réunissent aujourd'hui, et la médiation est à l'ordre du jour.

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, n'écarte pas d'emblée la nomination d'un médiateur. Mais «ce n'est pas quelque chose qui est étudié pour l'instant», a fait savoir son attachée de presse, Hélène Sauvageau, hier soir.

La présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, a affirmé que la médiation «permettrait de créer un pont entre les parties», y compris la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE). Des personnalités publiques, dont l'ancien ministre libéral Claude Castonguay, ont proposé cette solution, a-t-elle rappelé. Son collègue de la FECQ, Léo Bureau-Blouin, a tenu des propos semblables. La CLASSE n'a pas voulu se prononcer sur ce scénario.

Martine Desjardins veut «prendre un peu de recul» pour «regarder ce qui reste comme option». Elle a évoqué l'idée d'un moratoire sur la hausse des droits de scolarité qui permettrait aux étudiants et élèves de rentrer en classe et qui favoriserait la tenue de «véritables discussions», plus larges, avec le gouvernement.

Mais Line Beauchamp a déjà balayé cette idée d'un revers de main. «Le moratoire n'est pas une option», a-t-elle tranché. Reporter la hausse d'une année, ce serait à ses yeux «faire gagner ceux qui utilisent la violence».

La CLASSE toujours exclue

En conférence de presse en hier matin, la FEUQ et la FECQ se sont dites prêtes à reprendre les discussions à une condition que le gouvernement Charest a aussitôt rejetée. Québec refuse en effet que la FEUQ se présente à la table de négociations avec deux représentants de la CLASSE au sein de son comité de négociation. La fédération a fait une place à la CLASSE pour répondre à la décision «inacceptable» du gouvernement d'exclure cette organisation de la table. La CLASSE et son porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois, «encouragent la violence», a déclaré le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, pour justifier cette décision. Le premier ministre Jean Charest a ajouté que le gouvernement ne peut négocier «au prix de la violence et de l'intimidation».

Line Beauchamp ne veut s'asseoir qu'avec des représentants de la FEUQ, de la FECQ et de la Table de concertation étudiante. Ouvrir la porte à des membres de la CLASSE intégrés à la délégation de la FEUQ n'aurait aucun sens, selon elle. «On ne peut pas avoir indirectement ce qu'on ne peut pas avoir directement», a expliqué Hélène Sauvageau.

La FEUQ et la FECQ ont condamné le refus de la ministre. «Comment peut-elle se dire ouverte quand elle ferme constamment des portes?», a demandé Martine Desjardins. Selon Léo Bureau-Blouin, le gouvernement «fait exprès de mettre des barrières» et de «diaboliser» les associations étudiantes dans l'espoir de «marquer des points dans le cadre d'une stratégie électorale». Selon lui, «pour orchestrer une sortie de crise intelligente, il faut que toutes les associations étudiantes soient présentes et fassent partie de la solution».

«Si on se présentait à la table sans la CLASSE, ça amènerait encore plus de débordements et de conflits», a dit de son côté Martine Desjardins. Elle reproche au gouvernement de lancer une «vendetta personnelle» contre Gabriel Nadeau-Dubois; ce dernier a déploré les attaques du gouvernement contre lui.

Line Beauchamp dit avoir «encore des propositions à faire» aux étudiants. Comme lundi, elle laisse la porte ouverte à l'idée d'étaler la hausse des droits de scolarité sur plus de cinq ans - six ou sept, par exemple. Elle a déjà offert à la table de discussion 35 millions de dollars pour bonifier les prêts et, surtout, les bourses. Mais pour les associations étudiantes, toute proposition doit toucher aux droits de scolarité.