«Une manifestation nocturne jusqu'à la victoire». Voilà le leitmotiv des étudiants contre la hausse des droits de scolarité depuis quelques jours.

Et dimanche soir n'a pas fait exception, puisqu'une nouvelle manifestation a réuni plusieurs centaines de militants pour une marche au départ du parc Émilie-Gamelin, à Montréal, vers 21h.

Lorsqu'ils ont entamé leur marche, les manifestants étaient environ 1200. Comme à son habitude, le camion-flûte du SPVM leur a demandé de s'abstenir de commettre des infractions, sans quoi la manifestation sera qualifiée d'illégale.

Au moment de mettre sous presse, le tout se déroulait dans l'ordre. La manifestation avait grossi pour atteindre environ 2000 ou 3000 participants. Une seule personne a été arrêtée; il s'agit d'un jeune homme âgé de 18 ans qui s'en serait pris à un policier.

Les événements créés sur Facebook ces derniers jours pour annoncer ces marches nocturnes ont égrené le chapelet de jurons ecclésiastiques pour baptiser ces rassemblements. Ainsi il y a eu les «ostie» et «tabarnak» de grosses manifs. Aujourd'hui, les étudiants en étaient à la «torpinouche de grosse manif dimanche soir round IV». Sur la page Facebook de l'événement, près de 2000 personnes avaient confirmé leur présence vers 19h.

À chaque soir sa marche

Ces marches nocturnes constituées en majorité de manifestants pacifiques ont tout de même viré, mardi et mercredi dernier, à l'affrontement entre de petits groupes de militants plus radicaux et les policiers. Des vitrines de commerces, des banques surtout, ont volé en éclats. La plupart du temps, les casseurs se sont fait huer, voire attaquer, par des manifestants ne voulant pas voir la violence marquer leurs actions.

Plusieurs manifestants ont été arrêtés. Depuis jeudi toutefois, la foule se comporte de façon exemplaire. Les policiers ont aussi adopté une stratégie différente. Plutôt que de suivre la foule à distance et d'intervenir massivement à grands renforts de boucliers et de gaz CS, ils se sont intégrés au cortège. Et, au besoin, ils ciblent les présumés éléments perturbateurs et laissent le reste du groupe manifester, même après avoir déclaré l'attroupement illégal.

En après-midi, un groupe d'environ 300 personnes avait manifesté devant la tour de Radio-Canada, boulevard René-Lévesque, avant d'entreprendre une marche dans les rues environnantes, pour revenir à leur point de départ. Ils réclamaient la démission de Jean Charest.

En début de soirée, un événement beaucoup plus paisible était à l'agenda des grévistes: un concert des étudiants du Conservatoire de musique de Montréal, qui boycottent leurs cours depuis quatre semaines. Ils ont interprété le Sacre du printemps, de Stravinsky.

- Avec Philippe Teisceira-Lessard

Le fil des évènements

23h: après trois heures et près de 17 km de marche un peu partout en ville, retour au Parc Emilie Gamelin. Plusieurs manifestants disparaissent dans le métro à la station Berri-UQAM. D'autres continuent la marche. Ceux qui restent sont toujours très calmes.

23h: quelques centaines d'étudiants ont rejoint la manifestation principale au Carré Saint-Louis. Ils arrivaient du concert des étudiants du Conservatoire de musique de Montréal qui ont joué, à l'église Saint-Jean-Baptiste, le Sacre du printemps de Stravinsky. Le nombre de marcheurs dépasse maintenant largement les 2500.

22h: Un premier feu d'artifice... On tourne est sur St-Antoine, certains tentent vainement d'y tenir un sit-in.

21h45: La foule a grossi: nos journalistes l'estiment à plus de 2000 personnes.

21h30: Slogan des manifestants «Si la police nous suit, c'est qu'elle n'a pas d'ami. Si la police nous suit, c'est qu'elle nous appuie».

21h20: Les manifestants empruntent University, puis Maisonneuve ouest.

21h15: Un groupe de policiers marche avec la tête de la manifestation.

21h10: Les manifestants empruntent Saint-Laurent vers le nord, puis Sainte-Catherine à contresens.

21h: Les manifestants prennent René-Lévesque ouest. La foule est animée et festive.



20h40: 500 personnes au parc Émilie-Gamelin, avertissement d'usage d'avant-manifestation livré par le camion flûte. Aucun méfait ou marche en sens contraire de la circulation ne sera toléré. La Sûreté du Québec est comme d'habitude déployée autour du quartier général de la ville de Montréal.