Les adversaires de Pauline Marois au sein du PQ font le pari qu'elle ne s'accrochera pas à son poste et comprennent qu'elle tienne à avoir encore «un peu de temps» pour voir si elle est capable de redresser la barre et ramener le PQ dans la course contre le PLQ et la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault.

Selon les informations obtenues par La Presse dans les rangs péquistes, Gilles Duceppe est déterminé à succéder à la chef actuelle, mais tient surtout à ce que tout se passe sans effusion de sang.

Marois est prévenue

Au cours des dernières semaines, il a eu des rencontres avec quelques personnes aussi préoccupées par l'avenir du PQ, des entretiens dont il avait fait prévenir Mme Marois, pour s'assurer que personne ne crie au complot. Il a rencontré Pierre Curzi, le député indépendant de Borduas, qui semble bien peu intéressé à se lancer dans une éventuelle course à la succession de Pauline Marois, indique-t-on par ailleurs.

Autre rencontre, M. Duceppte a vu aussi Pierre Dubuc, l'un des membres du défunt SPQ libre, pour discuter de la situation du PQ. Joint mardi, habituellement plus disert, M. Dubuc s'est subitement refermé. «Je n'ai rien à dire là-dessus», a-t-il insisté. Curzi et Dubuc avaient sollicité leur rencontre avec l'ancien chef bloquiste.

Mardi, Jean-Martin Aussant, leader du nouveau parti Option nationale, n'écartait pas la possibilité que son groupe revienne au bercail si Gilles Duceppe prenait les rênes du parti. «Ça dépend du message, si c'est encore un peut-être, ce ne serait pas intéressant pour Option nationale, mais si ce nouveau chef mettait à l'avant-plan l'importance et l'urgence de la souveraineté, on pourrait travailler ensemble», a-t-il dit à Radio-Canada. Pas question pour lui d'un retour «pur et simple» au caucus du PQ, «mais si deux partis disaient la même chose, ce serait une autre chose».

Des informations de coulisse

D'autres échanges entre Pauline Marois et ses députés lors de la rencontre la semaine dernière sont confiés dans les coulisses. À l'argument selon lequel, pour le bien du PQ, les députés devraient faire preuve de solidarité avec leur chef, le député de Masson, Guillaume Tremblay aurait répliqué sans appel que c'est pour le bien du parti précisément que Mme Marois devrait le quitter. Sylvain Pagé, député de Labelle a renchéri en soirée, défiant Mme Marois de se soumettre à un vote de confiance au prochain conseil national. Il aurait même soutenu que la chef ne remporterait pas un vote au sein de son caucus.

Toujours coloré, le député péquiste de Saint-Maurice, Claude Pinard, y est allé de ses pronostics, soutenant que le PQ avait «un as» dans la poche avec la disponibilité de Gilles Duceppe.

«Dans six mois, si les sondages montrent qu'on se maintient toujours au même niveau, je n'aurai pas à demander quoi que ce soit. Si on n'est pas capables de remonter, croyez-vous sérieusement que Mme Marois ira à l'abattoir? Moi, je ne le crois pas», a-t-il laissé tomber.

«Un as dans notre main»

La semaine dernière, le député Pinard était pas mal plus déterminé dans son appui à Mme Marois, avant la tenue du caucus où de 8 à 10 députés ont demandé à la chef de jeter l'éponge.

«On a un as dans notre main. Au niveau des gens qui peuvent éventuellement diriger un parti politique, je pense que personne au Québec ne va contester la force de M. Duceppe. Il l'a prouvé à Ottawa, donc pour nous, c'est un as», a soutenu le député Pinard.