Étape délicate dans le maintien du leadership de Pauline Marois à la tête du Parti québécois, le conseil national des 3 et 4 décembre, à Saint-Hyacinthe, est annulé. L'annonce a été faite en matinée aux députés péquistes et confirmée publiquement par la députée Carole Poirier, membre du comité exécutif du PQ.

Le comité devait être saisi de la décision demain soir, mais la fuite parue sur LaPresse.ca a forcé l'entourage de Mme Marois à devancer l'annonce.

La veille, le gouvernement Charest a annoncé que l'élection complémentaire dans Bonaventure était fixée au 5 décembre, le lendemain du conseil national. Selon Mme Poirier, cette échéance est la seule et unique raison qui incite le report du conseil; la crise qui secoue la direction du PQ n'a pas été prise en considération. «Vous avez le choix de me croire ou non», a-t-elle répliqué à un reporter sceptique. «Il y a une partielle dans Bonaventure et nous allons la gagner», a-t-elle soutenu.

Pour améliorer ses chances dans la circonscription, que détient presque sans interruption le Parti libéral depuis 1956, Mme Marois souhaitait qu'un maximum de députés et de permanents puisse être mobilisé à l'approche du scrutin. Il devenait difficile de tenir un conseil national le week-end précédant le vote. Pourtant, par le passé, le PQ a déjà tenu des conseils nationaux dans ces mêmes conditions, précisément parce que cela lui permettait de galvaniser les troupes.

Deux scénarios

Au moment de l'annonce de l'annulation au caucus des députés, les élus ont senti clairement que Mme Marois souhaitait reporter l'événement au début de 2012.

Deux scénarios restent possibles: le report au week-end suivant ou après les Fêtes. Mme Poirier n'a pas caché qu'elle privilégiait un report au début de 2012. «Je préfère l'année prochaine, car la semaine suivante, le 11 décembre, correspond à la date du choix du chef du Bloc québécois», a-t-elle expliqué. À ses côtés, Bernard Drainville, député de Marie-Victorin à la source des propositions sur le renouveau démocratique qui devaient être discutées au conseil, a dit préférer un report d'une semaine seulement, puisque ces 76 résolutions sont prêtes à être débattues. «Je pense que c'est un débat important et il faut prendre des décisions à ce sujet le plus rapidement possible, c'est la contrepartie normale de la bataille que l'on mène contre la corruption», a-t-il affirmé.

Ce conseil national était un test très délicat pour la chef, dont le leadership a été sérieusement ébranlé la semaine dernière par ses propres députés. Les propositions de «renouveau démocratique» devant y être débattues sont un champ miné pour Mme Marois, puisque ces idées avaient cristallisé les critiques de bien des militants à son endroit.

Par ailleurs, a-t-on appris, Gilles Duceppe n'a pas l'intention d'accepter la demande de Mme Marois de l'épauler au caucus péquiste à Québec. Mme Marois lui avait déjà fait cette proposition à trois reprises, en privé, et il avait refusé.

Députés plus calmes

Les députés qui ont secoué Mme Marois derrière les portes closes, la semaine dernière, étaient plus calmes lors de leur réunion de mercredi soir, convaincus que la chef du parti avait bien reçu leur message. Dans les circonscriptions, les mutins expliquent leur geste. Guy Leclair, député de Beauharnois, a fait diffuser un communiqué dans ses hebdomadaires régionaux. Il dit trouver «déplorables les fuites qui l'ont mis sur la sellette la semaine dernière», sans nier qu'il était l'un des leaders de la contestation. Après avoir rappelé les compétences de Mme Marois, il ajoute: «J'appuierai ma chef aussi longtemps qu'elle sera ma chef.» Néanmoins, comme député, M. Leclair estime «avoir le devoir de faire connaître aux dirigeants du parti comme à sa chef ce que pensent et disent les citoyens» de sa circonscription.

De son côté, la présidente de l'aile jeunesse du PQ, Christine Normandin, confirme qu'«il y a des inquiétudes» chez les jeunes militants. La piètre performance du PQ dans les sondages alimente les craintes, a-t-elle affirmé.

Lors d'une réunion, mercredi soir, le Comité national des jeunes n'a voulu ni réitérer ni retirer son appui à Pauline Marois. Il veut la rencontrer au plus tard le 2 décembre avant de prendre position.