En cette année difficile pour le financement de tous les partis politiques, les députés qui ont exprimé leurs réserves à l'égard du leadership de Pauline Marois font bonne figure: la plupart ont atteint leurs objectifs dans la course aux contributions dans leur circonscription. En revanche, les dirigeants du parti, la garde rapprochée de Mme Marois, ont des résultats plus embarrassants.

La Presse a obtenu le dernier rapport de la campagne de financement du Parti québécois par circonscription. En date du 9 novembre, à quelques semaines de la fin de l'année, on constate que, pour l'ensemble du Québec, le PQ est à 89% de son objectif pour la campagne 2011, avec 1,1 million de dollars amassés. Le gros du financement a été récolté dans les semaines entourant le congrès d'avril dernier. Depuis juin, après la crise concernant le projet de loi 204 sur l'amphithéâtre de Québec, les activités de financement sont pratiquement au point mort, explique-t-on. En octobre, La Presse a rapporté que, depuis la crise au PQ, la campagne de financement avait été enrayée. Les objectifs pour chaque circonscription sont fixés au début de l'année et tiennent compte des résultats obtenus dans les campagnes de financement précédentes.

Dans les circonscriptions détenues par un péquiste, les résultats sont étonnants. C'est dans les circonscriptions de députés qui ont sévèrement critiqué Mme Marois, et souvent même exigé son départ, qu'on trouve les organisations les plus efficaces pour le financement. Ainsi, Berthier, Labelle, Blainville, Verchères et Masson, dont les élus font partie de la troupe des mutins qui se sont manifestés il y a deux semaines, ont atteint leur cible et récolté 100% de l'objectif fixé par le parti au printemps.

La circonscription de Beauharnois, que représente Guy Leclair, est près du but, avec 91%. Le moins bon score chez les putschistes se trouve dans Terrebonne, où Mathieu Traversy en est à 82% de la cible. La circonscription de Marie-Victorin, représentée par Bernard Drainville, qui a aussi eu ses réserves, a atteint 100% de son objectif.

Quand on observe les circonscriptions les moins performantes, on trouve souvent les membres de la garde rapprochée de Mme Marois, les dirigeants du parti à l'Assemblée nationale. Le leader parlementaire, Stéphane Bédard, n'a atteint que 50% de son objectif dans Chicoutimi. Dans Drummond, Yves-François Blanchet, qui se présente comme le défenseur, le goon de Mme Marois sur les réseaux sociaux, est moins actif sur son téléphone que sur son ordinateur: il n'a que 49% de son objectif dans le coffre.

Dans Bourget, Maka Kotto, autre défenseur de la chef, a atteint 62% de son objectif, tandis que la whip, Nicole Léger, est à 80%. C'est le député de Roberval, Denis Trottier, qui est le plus en retard pour son financement, sa mission étant accomplie à seulement 38%. François Rebello, dans La Prairie, a quant à lui atteint 43%.

Dans sa circonscription de Charlevoix, Pauline Marois a atteint son objectif de financement de 34 000$.

En octobre, une assistance anémique à une activité du «club des 400» dans Taschereau a attaché le grelot aux problèmes auxquels font face les collecteurs de fonds du PQ. La députée Agnès Maltais a convenu que moins de gens s'étaient présentés à cette activité - où les militants remettent 400$ et profitent du remboursement d'impôt maximal, 300$. Mais elle a aussi soutenu que les gens avaient contribué en aussi grand nombre sans participer au cocktail. Le document du PQ montre que 25 personnes ont donné 400$ alors qu'on en attendait 65. La situation est pire ailleurs; dans Chicoutimi, seulement 8 personnes sur 65 ont contribué, et dans Drummond, 13.

La situation du financement pour l'ensemble des circonscriptions montre du doigt celles où l'organisation péquiste est quasi inexistante. Dans Abitibi-Est, par exemple, on n'a récolté que 11% de l'objectif - 895$ des 8200$ attendus. Dans Montmorency, on est au tiers, 33%. La Beauce reste une terre ingrate pour le PQ; dans Beauce-Nord on est à 24%, dans Beauce-Sud, à 14%. Les deux circonscriptions de la Côte-Nord, Duplessis et René-Lévesque, sont seulement à mi-parcours, à 52%.

Dans l'île de Montréal, les objectifs de financement pour Montréal-Centre sont atteints dans Gouin (Nicolas Girard) et dans les circonscriptions de Laurier-Dorion et de Rosemont (Louise Beaudoin, qui a quitté le caucus péquiste en juin). En revanche, dans Saint-Henri-Sainte-Anne, on est à seulement 16% de la cible.

Dans l'autre partie de l'île de Montréal, Crémazie, représentée par une autre démissionnaire, Lisette Lapointe, a atteint seulement 48% de son objectif. Dans Jacques-Cartier, Marguerite-Bourgeoys et Saint-Laurent, les circonscriptions n'ont fourni grosso modo que le tiers des efforts qui leur ont été demandés.

Le bulletin des circonscriptions révèle quelques surprises: l'Outaouais, toujours difficile pour le PQ, a atteint 97% de son objectif; Gatineau, Hull et Papineau ont fait le plein. En revanche, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, bastion traditionnel, est en perte de vitesse, à 76% de la cible. Seules les circonscriptions de Jonquière (Sylvain Gaudreault) et Ungava (Luc Ferland) ont rempli la commande qui leur a été passée en début d'année.