Il hésitait depuis des mois, mais c'est fait. Le président de l'association péquiste de Vanier, Claude Beauchamp, a décidé de claquer la porte, déçu par les engagements non tenus de la chef du parti.

Ancien chef de cabinet du ministre Rosaire Bertrand, M. Beauchamp a piloté, en juin, une résolution fort critique quant à la performance de Mme Marois dans le dossier du projet de loi 204 sur l'amphithéâtre de Québec.

«On nous avait dit qu'il y avait un plan d'action mis en place pour ramener la confiance des membres. J'ai fait confiance à cela, mais six mois plus tard, je vois ce qui se passe, le grenouillage... Force est d'admettre que le plan n'atteint pas ses objectifs», a-t-il résumé, hier, en entrevue à La Presse.

«Quand on n'est pas convaincu, on ne peut pas être convaincant. Je pars parce que je trouve que le caucus fait souvent preuve d'immaturité, et cela ne semble pas vouloir se calmer. Mme Marois a beaucoup de compétences, mais le message ne passe pas. Pour la pérennité de l'option et du parti, elle doit prendre la décision qui s'impose... et partir», estime M. Beauchamp, qui a été porte-parole du ministre David Cliche sous Lucien Bouchard.

Le militant Beauchamp ne voit pas en Gilles Duceppe la solution aux déboires du Parti québécois. Un autre chef doit être trouvé. «Un débat soit s'enclencher et un nouveau leadership doit arriver au PQ», souligne-t-il.

Cette démission s'ajoute à plusieurs autres; Philippe Leclerc a quitté la présidence de Mercier en octobre, Alexis Lebrun-Gagné, celle d'Hochelaga-Maisonneuve, Atim Léon a quitté la présidence régionale de Montréal-Centre, Miguel Tremblay a quitté Laurier-Dorion, François Lemay, celle de Saint-Henri-Sainte-Anne, Patrick Voyer, celle de Charlesbourg, et Marjolaine Lachapelle, la direction de Nicolet-Yamaska. En juin toujours, dans la foulée du dépôt du projet de loi 204, cinq députés ont claqué la porte du PQ pour siéger à titre d'indépendants.

»Ça ne marche pas!»

Au même moment, le vice-président de l'association péquiste de Bellechasse, André Gagnon, se dit désormais «en réflexion» en attendant les prochains sondages. Une enquête Léger Marketing pour Le Devoir et The Gazette publiée hier montre le PQ et le Parti libéral presque à égalité, avec 21% et 22% d'appuis, loin derrière la Coalition avenir Québec avec 35%.

«Si les sondages ne se redressent pas... laisse tomber M. Gagnon. Je n'ai rien contre Mme Marois, elle a ses compétences, mais on travaille comme des forcenés pour recruter des membres et du financement et on tourne en rond.»

Il s'offusque devant le lancement de la campagne de publicité annoncé hier, à Montréal. «On n'a presque plus d'argent dans la circonscription, et cela irait pour cela? Mettez-vous à notre place. Je reste péquiste, je n'ai pas démissionné encore... mais ça ne marche pas! C'est simple! Tout le monde se questionne. Je ne connais pas un seul comité exécutif au Québec qui ne se questionne pas. On verra le résultat de l'élection partielle [dans Bonaventure, le 5 décembre], je me donne d'ici la fin de l'année», dit M. Gagnon.

Il reconnaît l'expérience de Mme Marois. «Elle a connu cinq ou six ministères. Ce qu'elle n'a pas, c'est le leadership de Duceppe. Cela me plairait d'avoir les deux ensemble!», résume-t-il.

Duceppe au banquet annuel

Gilles Duceppe a repoussé trois fois les appels pressants de Pauline Marois à venir l'aider à l'Assemblée nationale. Il y a une invitation qu'il a acceptée, toutefois. L'ancien chef du Bloc et sa femme Yolande se sont rendus à l'Île-Bizard, samedi soir, pour participer au banquet annuel que donnent Pauline Marois et son conjoint, Claude Blanchet.

Au-delà des huîtres, le geste vient encore une fois éteindre les ardeurs de bien des péquistes qui voient Gilles Duceppe à la place de la chef. Déjà, la lettre d'appui à Mme Marois de l'ancien chef bloquiste avait surpris bien de ses partisans, la semaine dernière. Une vingtaine de députés ont participé à la soirée - la moitié du caucus environ. Bernard Drainville est passé rapidement.

Plus de 150 personnes se trouvaient dans l'immense atrium de la résidence de Mme Marois, surnommée Moulinsart pour sa ressemblance avec le château du capitaine Haddock. La chef a pris la parole, mais n'a pas dit qu'il s'agissait probablement du dernier rendez-vous annuel à l'Île-Bizard - la maison, mise sur le marché il y a plus de deux ans, est sur le point d'être vendue, a-t-on appris.