Les mutins et les inquiets sont rentrés dans le rang ce matin, avec un enthousiasme varié, à l'ouverture du caucus de pré-session du PQ à Joliette.

«On va commencer 2012 positivement. Avec tout ce qui s'est dit depuis la fin de la session, je vais retenir trois choses, que je souhaite que mes collègues vont retenir. On dit de Mme Marois que définitivement, elle a toutes les compétences. On dit aussi de Mme Marois  qu'elle est une personne très intègre. Et avec tout ce qu'elle a vécu, définitivement, c'est une fonceuse et elle ne laisse pas tomber. Alors je pars avec ça», a indiqué Guy Leclair. Le député était identifié cet automne parmi les mutins.

«J'espère que tout va bien aller», a-t-il conclu, sans vouloir commenter davantage.

La semaine dernière, avant que le putsch de Gilles Duceppe ne soit avorté, Stéphane Bergeron tenait des propos sibyllins sur sa chef.

Ce matin, il a multiplié les syllogismes pour prouver qu'il l'appuyait. «Elle a l'appui des militants, dont je suis. Maintenant, la décision qu'elle devait prendre, je n'ai aucun contrôle sur cette décision. Elle a choisi de rester, et je suis résolument derrière elle», a-t-il dit.

Mais Mme Marois est-elle la meilleure chef? «C'est la personne qui est en place», répond-il. Est-elle la chef de son choix? «C'est le choix des militants et militantes, dont je suis», dit-il.

André Villeneuve avait aussi été identité au camp des mutins, ce qu'il nie. Il a clairement appuyé Mme Marois. Est-elle la chef de son choix? «Absolument», assure-t-il. Le député de Berthier souhaite que le PQ s'emploie maintenant à défendre son programme «extraordinaire»  et «révolutionnaire».

Drainville silencieux

Il y a près de deux semaines, Bernard Drainville s'inquiétait de la possible disparition du PQ. Peu après, on apprenait que M. Duceppe tentait un putsch et que Bernard Landry préparait une lettre critique envers Mme Marois. Il a refusé de répondre aux questions des journalistes ce matin. Il a simplement dit s'attendre à faire l'objet de «bonnes discussions» au caucus.

La présidente du caucus, Monique Richard, a commenté ainsi les problèmes de discipline au PQ: «Des fois, je me dis que j'avais plus de succès dans ma classe, mais je ne lâche pas», a lancé l'ancienne enseignante et présidente de la CSQ.

La «Dame de béton»

Des fidèles de Pauline Marois, comme son leader parlementaire Stéphane Bédard et Agnès Maltais, espèrent que la «résilience» de la chef aidera maintenant son parti. Les deux essaient de lui accoler un nouveau surnom: la «Dame de béton».

«Nous sommes une équipe unie. La Dame de Béton nous a impressionnés et je pense qu'elle commence à impressionner tous les Québécois. Il y a un sentiment d'unité comme ça fait longtemps que je ne l'ai pas senti», pense Mme Maltais. Le caucus marque selon elle «le jour 1 de la reconquête du pouvoir».

Malgré tout, les sondages ne sont pas très encourageants pour le PQ. Certes, la CAQ a chuté de 8% dans les intentions de vote, et le PQ a gagné trois points de pourcentage. Mais le PQ reste encore troisième (21%), derrière le PLQ (29%) et la CAQ (31%).

Denis Trottier, député de Roberval, a relativisé ces sondages. Les chefs de l'opposition ont toujours eu de la difficulté à séduire l'opinion publique, estime-t-il. «Les chefs d'opposition ne passent pas. À quelques mois de l'élection de 1976, René Lévesque avait presque été victime d'un putsch de la part de jeunes députés comme Claude Charron, qui disaient: il est trop vieux, il ne passe pas, il faut changer de chef», a-t-il raconté.

Le Nouveau mouvement pour le Québec, un groupe de souverainistes pressés et opposés à Mme Marois, doit tenir une conférence de presse aujourd'hui. Mme Richard leur demande d'être pragmatiques. «Les gens qui sont souverainistes, s'ils veulent un jour qu'on atteigne l'indépendance, qu'ils considèrent donc que l'être parfait n'existe pas. Et qu'ils considèrent qu'on a une leader qui met ses culottes et est capable de travailler avec la population. (...) Qu'on la laisse travailler au lieu de gérer une crise par-dessus l'autre», a-t-elle affirmé.

Appel à l'unité

Plusieurs autres députés ont lancé un appel à l'unité. «Il faut cesser les jeux individuels et travailler en équipe», a affirmé Nicolas Girard. Il souhaite «plus d'Éric Cole et moins de Michael Cammalleri» au PQ.

«Je suis convaincue qu'on sortir d'ici avec une énergie renouvelée pour parler de nos idées et il va avoir beaucoup moins d'interférence pour que les Québécois entendent ce qu'on a à leur dire», a ajouté sa collègue Véronique Hivon.

«Actuellement, il n'y en a pas de problème, alors on n'en inventera pas. (...) Ce que je sens, c'est un caucus uni», a assuré Stéphane Bédard.

«Il n'y a personne qui demande à un député de marcher dans un rang, a renchéri Yves-François Blanchet. Mais j'ai l'impression que tout le monde a compris que la direction de Mme Marois est solide et qu'on peut avoir un caucus souriant, normal, qui prépare des élections.»