Le 3 février 2011, quelques heures après la vague d'arrestations dans le cadre de l'enquête de l'escouade Marteau sur Boisbriand, le capitaine Éric Martin a accordé une entrevue à La Presse dans laquelle il a évoqué le «système global» de collusion et de financement occulte des partis politiques par les firmes de génie-conseil et les entrepreneurs dans le but d'obtenir des contrats.

Voici les extraits en question

Question: À la base, le système de collusion repose-t-il sur les firmes de génie-conseil?

«Sur l'ensemble des firmes. Nous, on l'a vu comme un système global [au cours de l'enquête sur Boisbriand]. Notre travail consiste à comprendre le système, le modus operandi de ces gens-là. On l'attaque sur plusieurs plans. [...]

«Souvent les ingénieurs vont se regrouper pour essayer d'aller chercher des parts de marché. Ils vont contrôler le partage des contrats dans un endroit. En même temps, les entrepreneurs le font aussi à leur niveau. Souvent, on va voir une promiscuité entre les ingénieurs et les entrepreneurs.

«Maintenant, pour que les projets soient acceptés et autorisés, ces firmes, qui sont là pour vivre, qui sont là pour créer et construire des immeubles, des édifices, pour faire avancer des projets, elles ont besoin de financer des partis politiques. Elles sont obligées d'arriver puis de dire: «On va mousser nos idées, on va convaincre ces gens-là en souscrivant à des caisses électorales.»

«Là où ça devient intéressant pour nous, c'est le fait que parfois, sans aller dans des détails trop précis dans ce dossier-là, on se trouve devant des situations où les firmes de services professionnels ou les entrepreneurs sont obligés d'utiliser des employés pour commettre des fraudes. Parce que la loi est claire: une entreprise n'a pas le droit de souscrire à une caisse électorale.

«Une firme, pour pousser ses projets, va demander à des gens qui collaborent de près ou de loin avec une firme de services professionnels, ou même à des employés, de commettre des fraudes, soit par la supercherie, par le mensonge ou d'autres moyens, vont fabriquer des fausses factures, vont faire croire qu'ils ont facturé une autre entreprise pour des services qui n'ont jamais été faits.

«Ce mouvement d'argent crée du cash, de l'argent [...] pour financer un parti politique. Selon le Code criminel, c'est une caisse occulte. C'est là qu'est le problème quand les gens commettent des crimes pour financer des partis.»