Qui ne dit mot consent. Amir Khadir a utilisé un proverbe comme preuve pour accuser le gouvernement Charest d'avoir «remis les clés de la maison aux firmes de génie-conseil».

De 2000 à 2009, les dons d'employés de firmes de génie-conseil au Parti libéral du Québec (PLQ) ont bondi de 500%, a souligné M. Khadir.

Il rappelle que quelques semaines après son arrivée au pouvoir en 2003, le gouvernement Charest a donné un mandat de sous-traitance aux différents organismes de l'État. Et le taux horaire des ingénieurs senior a augmenté de 20%, et celui des ingénieurs junior de 30%.

Il affirme donc que «certaines firmes d'ingénierie (...) s'achètent de l'influence au gouvernement». En chambre, le ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Yvon Vallières, a répondu en rappelant que son gouvernement a voté des lois pour mettre fin aux prête-noms, augmenter les pouvoirs du Directeur général des élections (DGE) et plafonner à 1000 $ les dons annuels aux partis politiques.

«M. Vallières, à tout le moins, n'était pas en mesure de nier ces affirmations, que le financement sectoriel amène le gouvernement à prendre des décisions sur 10 ans qui font en sorte qu'aujourd'hui, comme M. Duchesneau le déclarait, le gouvernement a remis les clés de la maison entre les firmes de génie-conseil», a réagi le député de Québec solidaire.

M. Khadir se défend de renverser le fardeau de la preuve et de présumer de la culpabilité des firmes de génie-conseil.

Il rappelle qu'en août 2010, la firme Axor a plaidé coupable à 40 violations de la loi électorale pour avoir utilisé des prête-noms afin de financer illégalement le PLQ, le PQ et l'ADQ. C'est une plainte de M. Khadir qui avait mis le DGE sur la piste.

Dans sa conférence de presse, il a affirmé à plusieurs reprises que les entreprises faisaient ces dons aux PLQ. Les dons viennent plutôt des employés des firmes. Les firmes elles-mêmes n'ont pas le droit de financer les partis.

M. Khadir allègue en outre que la décision de faire la réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2 ou de construire des barrages à La Romaine pourraient avoir été influencées par les firmes de génie-conseil. Le contrat de réfection a été accordé à SNC-Lavalin, qui a aussi récemment acheté Énergie atomique Canada. «C'est un risque financier majeur, même pour SNC-Lavalin. Or, (cette firme) obtient du gouvernement québécois un beau contrat pour Gentilly-2. Moi, j'estime que c'est un gros coup de pouce. Ce n'est peut-être pas délibéré mais en tout cas, dans la mécanique des choses, ça semble une séquence qui est assez curieuse dans le temps», affirme M. Khadir.

SNC-Lavalin n'a pas répondu à notre demande d'interview.