Pour une deuxième fois depuis le dévoilement du rapport Duchesneau, des manifestants se sont réunis cet après-midi pour réclamer une enquête publique sur la corruption et la collusion dans l'industrie de la construction. Bien qu'il n'ait réussi à attirer qu'une centaine de manifestants, le Mouvement du 24 septembre n'entend pas baisser les bras.

Le rendez-vous avait été fixé à 14h30, sur une petite place située à l'ombre du Stade olympique, à Montréal. Au son des tams-tams, une centaine de personnes ont défilé, balai à la main, parce que, disent-ils, un «grand ménage s'impose». Tenu sous le thème «On tourne en rond, on veut des élections», le rassemblement visait non seulement à exiger le déclenchement d'une enquête publique, mais aussi la démission du premier ministre Jean Charest et le déclenchement d'élections.

Enquête publique ou enquête à huis clos, les manifestants semblaient divisés. «Ce qu'on paie en impôts, ce n'est pas parce que c'est public que monsieur (Charest) peut faire n'importe quoi et vendre le Québec à n'importe qui, a déclaré Isabelle Descôteaux, une manifestante. Ça prend une enquête publique pour que les choses se disent et se fassent et pour que ce soit clair, net et honnête.» «Il faut y aller au fond cette fois-ci, a réclamé Guy Berniquez. Il faut une commission publique à la Gomery, à huis clos, oui, mais il faut aller plus loin. Je n'ai pas l'impression qu'avec la commission Gomery, on a accroché des politiciens.»

La Presse a révélé jeudi dernier que le gouvernement Charest s'apprête à déclencher une enquête à huis clos. Pour Claudine Simon, l'une des citoyennes à la tête du Mouvement du 24 septembre, ce n'est pas suffisant. «C'est un début, a-t-elle indiqué. C'est mieux que le refus obstiné de faire quoi que ce soit. Mais, évidemment, ce n'est pas ce que la population demande. Mais, ça indique que la pression fonctionne.»

Mme Simon n'a pas caché sa déception quant à la faible participation au rassemblement d'aujourd'hui. «Où êtes-vous? Où sont les citoyens et les citoyennes? a-t-elle lancé. Évidemment qu'on n'est pas suffisamment nombreux. On aura dû être 10 fois plus que le 24 septembre. On va regarder comment faire mieux la prochaine fois.» Rappelons qu'une première manifestation avait été tenue le 24 septembre dernier devant les bureaux de Jean Charest. L'organisation avait évalué à 2000 le nombre de manifestants présents alors que des médias parlaient plutôt de plusieurs centaines.

«Je suis déçue, a confié Pauline Éthier, une manifestante. J'aurais pensé qu'il y aurait beaucoup plus de monde aujourd'hui. Il y a beaucoup de cynisme dans la population. C'est peut-être la raison pour laquelle les gens ont l'impression que même s'ils font des choses, il n'y a rien qui se passe.»

Le Mouvement 24 septembre, qui utilise essentiellement les médias sociaux pour mobiliser la population, se joindra le 15 octobre prochain au mouvement Occupons Montréal qui tiendra un rassemblement au Square Victoria. Des manifestations sont aussi prévues en marge du congrès du Parti libéral du Québec qui aura lieu à Québec du 21 au 23 octobre prochains.