Un test expérimental évalué à plus d'un million de dollars, des vérifications sur la vie privée et des consultations étendues sur le recensement de 2011 étaient tous en place un mois seulement avant que le gouvernement conservateur ne décide d'abandonner le caractère obligatoire du questionnaire long ce printemps.

Des documents internes de Statistique Canada offrent un nouveau point de vue sur la brutalité de cette décision gouvernementale pour l'agence, qui prépare le recensement et analyse les données sur une période de sept ans.

Le test sur le projet de recensement, effectué en mai 2009, était un élément clé de la préparation, test qui a coûté plus d'un million $. Des questionnaires longs et courts ont été envoyés dans 110 000 maisons en banlieue des villes de Montréal, Québec, et Red Deer en Alberta. Le tout était sur une base volontaire, afin de tester la mécanique du procédé du recensement.

Une étude sur l'impact sur la vie privée a été réalisée et a obtenu l'aval de la commissaire à la protection de la vie privée un mois plus tard.

Des consultations avec des ministères fédéraux et avec d'autres parties, concernant le questionnaire, étaient en cours depuis 2007.

Toute cette préparation avait été discutée en mars 2010 par des fonctionnaires haut placés de Statistique Canada au cours d'une rencontre au sommet avec le statisticien en chef de l'époque, Munir Sheikh.

Ce dernier n'avait alors pas offert d'indications, deux mois seulement avant que le couperet ne tombe sur le questionnaire long obligatoire, que celui-ci serait remplacé par un questionnaire volontaire. Certains détails de cette rencontre font partie des documents obtenus par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Un échéancier fourni aux fonctionnaires lors de la rencontre démontrait qu'ils s'attendaient à ce que les questionnaires longs et courts soient publiés par le gouvernement en avril ou en mai.

Le cabinet a plutôt attendu à la fin juin pour publier seulement le questionnaire court. Une note sur le site Internet de Statistique Canada, qui n'était pas incluse dans leurs communiqués de presse quotidiens, indiquait qu'un sondage volontaire remplacerait le questionnaire long obligatoire.