La météo s'acharne sur les sinistrés de la Montérégie. Après les orages survenus vendredi soir, ce sont les vents du sud qui menacent de faire grimper considérablement le niveau de l'eau. Le record enregistré le 6 mai dernier pourrait même être dépassé.

Après être demeuré stable hier, le niveau d'eau est reparti à la hausse ce matin sur le lac Champlain et la rivière Richelieu. La Sécurité civile du Québec s'attend à une hausse du niveau d'eau de quatre à huit centimètres d'ici la fin de la journée. «Il y a déjà une montée des eaux, a constaté France-Sylvie Loisel, porte-parole de la Sécurité civile du Québec, lors d'un point de presse présenté à Saint-Jean-sur-Richelieu dimanche après-midi. La hausse a commencé plus tôt que ce qu'on avait prévu.»

Elle a ajouté qu'il est possible que le niveau record du 6 mai soit atteint, voire même dépassé d'ici mardi. De nouveaux secteurs pourraient être inondés et d'autres évacuations pourraient être effectuées, a indiqué Mme Loisel. La Sécurité civile invite les résidants à solidifier les digues érigées autour de leur maison.

Le Centre de prévision des crues du Québec (CPCQ) anticipe une hausse du niveau d'eau qui devrait s'accélérer ce soir et la nuit prochaine. «La hausse devrait se poursuivre cette nuit, lundi et tôt mardi avec des hausses additionnelles significatives et parfois des fluctuations», indique le CPCQ dans un bulletin émis dimanche après-midi.

Ces hausses seront causées par des vents du sud-est de 20 à 40 km/h qui deviendront graduellement du sud, de 40 à 70 km/h, en soirée dimanche. Les vents du sud poussent l'eau du lac Champlain vers la rivière Richelieu. Ils pourraient entraîner des vagues hautes de 60 à 90 cm aujourd'hui sur le lac Champlain. Des vagues de 15 à 30 cm sont aussi possibles sur la rivière Richelieu tard aujourd'hui, cette nuit et demain. Des averses et des orages prévus ce soir, demain et mardi pourraient aggraver la situation.

France-Sylvie Loisel a indiqué que des équipes d'intervention sont mobilisées et pourront intervenir rapidement pour venir en aide aux sinistrés. Elle a ajouté qu'en cas de besoin, l'envoi de soldats supplémentaires pourra être demandé.

De passage à Saint-Jean-sur-Richelieu hier, le premier ministre du Québec Jean Charest a interpellé  le ministre canadien de la Défense nationale, Peter Mackay, sur la présence militaire en Montérégie. Réclamant une augmentation du nombre de soldats, Jean Charest a ajouté que la présence des Forces canadiennes dans la région est d'autant plus importante vu les prévisions météorologiques inquiétantes annoncées pour aujourd'hui et les prochains jours. Le directeur des communications de bureau du premier ministre Stephen Harper a fait savoir que des soldats sont prêts à intervenir rapidement en cas d'urgence.

Collecte de fonds

La Croix-Rouge canadienne poursuit pour sa part sa collecte de fonds pour les victimes des inondations. Depuis le lancement de la campagne, le 7 mai dernier, environ 560 000$ ont été recueillis. Les collectes de fonds mises en place lors du déluge du Saguenay en 1996 et de la crise du verglas en 1998 avaient permis d'amasser respectivement près de 30 millions et 11 millions de dollars. La Croix-Rouge dit n'avoir fixé aucun objectif pour la levée de fonds organisée pour les sinistrés de la Montérégie. Une porte-parole de l'organisme, Myriam Marotte, soutient que la somme amassée jusqu'à maintenant répond aux attentes. «Nous n'en sommes qu'au début de la campagne, note-t-elle. Nous sommes très contents. Nous encourageons les gens à donner, parce que l'eau monte encore et il y aura beaucoup de besoins.»

Les dons peuvent être faits en ligne au www.croixrouge.ca, par téléphone au 1 800 418-1111 ainsi que dans les institutions financières, épiceries et magasins participants. La Croix-Rouge opère des centres d'accueil et d'information dans cinq municipalités touchées par les inondations, soit Saint-Jean-sur-Richelieu, Sainte-Blaise, Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix, Sainte-Anne-de-Sabrevois et St-Georges-de-Clarenceville.