Tout porte à croire que les forces armées canadiennes ne participeront pas à l'effort de nettoyage une fois que l'eau se sera retirée en Montérégie. C'est ce que le ministre de la Défense nationale Peter MacKay a laissé sous-entendre, mercredi, lors d'une visite éclair sur le terrain, qui s'apparentait davantage à une opération de relations publiques.

Questionné à quatre reprises par des journalistes francophones et anglophones, le ministre MacKay a refusé d'indiquer clairement si les militaires resteraient pour aider les sinistrés une fois les inondations terminées.

«La réponse est claire... Nous sommes ici pour les urgences, pour protéger les personnes et protéger les vies des personnes», a-t-il répété à maintes reprises lors d'un point de presse qui s'est tenu en début de soirée au poste de commandement des forces canadiennes à Saint-Jean-sur-Richelieu. Le ministre a indiqué que les troupes resteraient durant la «période d'urgence» et tant et aussi longtemps que la météo serait «volatile».

Ses propos font écho à ceux de son collègue, le ministre fédéral de la Sécurité publique Vic Toews. «J'en ai discuté avec le ministre MacKay et nous sommes d'accord que la collecte de sacs de sable ne représente pas un rôle approprié pour les forces canadiennes», a-t-il écrit dans une lettre datée du 20 mai qu'il a fait parvenir au ministre de la Sécurité publique du Québec, et dont certains extraits ont été publiés dans les médias. Le ministre Toews y affirme également que les services de «rétablissement» demandés par Québec placeraient les forces armées «en concurrence avec le secteur privé».

Visite d'un sinistré

Plus tôt en après-midi, le ministre MacKay et le ministre des Anciens Combattants Steven Blaney sont montés dans un char de l'armée pour visiter une rue inondée de Saint-Blaise-sur-Richelieu. Vêtu d'une salopette imperméable et de bottes de pluie, le ministre MacKay est descendu du véhicule quelques minutes pour s'entretenir avec un sinistré. Entouré d'une vingtaine de photographes et de caméramans, il a fait le tour d'une maison, a regardé une digue de sacs de sable puis est remonté dans le char. Son excursion a duré environ 10 minutes. Durant la visite, une poignée de soldats arrivés peu de temps avant se sont affairés à superposer des sacs de sable devant l'entrée de la résidence voisine.

Les ministres ont rapidement quitté les lieux pour se rendre à Saint-Jean-sur-Richelieu, où ils ont rencontré durant une trentaine de minutes des militaires, ainsi que le maire Saint-Jean, Gilles Dolbec, et son homologue de Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix, Gérard Dutil.

«Je trouve que sa visite est peut-être en retard, mais elle est bien, a affirmé M. Dutil avant la rencontre. Vaut mieux tard que jamais. Mais je trouve curieux que ç'ait pris tant de temps.»

Ottawa se défend

La semaine dernière, le gouvernement fédéral a été vertement critiqué par les sinistrés et les maires des villes inondées pour avoir retiré 550 des 800 soldats déployés en Montérégie. Samedi, le premier ministre du Québec, Jean Charest a déclaré que cette décision envoyait un «message angoissant» à la population. Lundi, Ottawa a annoncé que 250 soldats seraient de retour dans la région, pour un total de 500. Ce jour-là, les niveaux de la rivière Richelieu et du lac Champlain ont fracassé leur record historique. Les soldats sont arrivés le lendemain.

En marge du point de presse à Saint-Jean-sur-Richelieu, le ministre Steven Blaney s'est défendu d'avoir agi tardivement. «Notre répondant ici, c'est la Sécurité publique, et chaque fois qu'ils nous ont fait part d'une demande, on a répondu à la demande.»

Le premier ministre Jean Charest a pourtant déclaré, mardi, que dès l'instant où les forces armées ont annoncé leur intention de se retirer, le gouvernement du Québec a fait savoir qu'il s'agissait d'«une mauvaise idée».

La météo s'acharne sur les sinistrés

Après avoir baissé de plus de 20 cm mardi et mercredi, le niveau de l'eau du Richelieu pourrait remonter assez rapidement à partir d'aujourd'hui.

Lors de son point de presse quotidien, la Sécurité civile a annoncé que des vents du sud de 40 à 60 km/h sont attendus à partir d'aujourd'hui. Ces vents provoquent l'écoulement des eaux du lac Champlain vers la rivière Richelieu.

Par ailleurs, de 50 à 75 millimètres de pluie devraient s'abattre sur le secteur d'ici samedi. En conséquence, le niveau de la rivière pourrait augmenter d'une dizaine de centimètres.

- Avec La Presse Canadienne